VOYAGE
PITTORESQUE
DES ISLES
DE SICILE, DE MALTE
E T
DE LIPARI.
VOYAGE
PITTORESQUE
DES I S L E S
DE SICILE, DE MALTE
E T
DE LIPARI,
Où l’on traite des Antiquités qui s’y trouvent encore; des principaux Phénomènes que la Nature y offre; du Coftume des Habitans , & de quelques Ufages.
Par Jean Houel, Peintre du Roi.
A PARIS,
DE L’IMPRIMERIE DE MONSIEUR.
M. D C C. L X X X I I.
ntiWL'
DU
VOYAGE PITTORESQUE DE LA SICILE.
A Sicile, dont les Poètes anciens ont fait le berceau de la Mythologie , parce quelle leur ofFroit au milieu des grands phénomènes de la nature les premiers monumens des arts , la Sicile eft un des pays de l’Europe les plus curieux à obferver, lesplus dignes detre détaillés. Depuis quelques années elle a entin obtenu latteniiuii des voyageurs.
L Auteur du dans la grande Grèce a parcouru une grande partie de
cette île ; mais line rend compte des chofes que comme un homme qui les a vues en palTant; &11 avoue qu’il n’a pu faire connoitre bien des objets, qu'on ne peutjuger & repréfenter qu’avec les connoiffances des peintres & des architeûes, & avec le fernnrs de leur art.
M. Brydone a publié auffi, il y a dix ans , un Voyage de Malte & de Sicile. Ce n’eft point pat le mérite d’une defcrlptionexaûe& complète que l’ouvrage de M. Brydone a pu obtenir fon grand fuccès ; c’efl: par l'agrément de fon récit , par fa manière de voir & de léntir , & fouvent par la poéfie de fes defcriptlons. Il eft permis à un voyageur qui a fouvent palTé plulieurs mois entiers dans des lieux où M. Brydone & fes Compagnons ne font reftés que quelques jours , & qui a embralTé dans fon étude toute l’étendue de la Sicile, & tous les objets cutieux quelle renferme; il lui eft permis de prétendre à une plus grande connoiflânce du pays; mais il feroit injufte s’il n’exprimolt pas toute fon eftime pour un voyage aufli agréable & aufii intéreffant. J’aurai fouvent occafion de relever dans ces Auteurs des omiflions & des erreurs.
J’avois déjà parcouru ce pays , en allant à Malte en 1770. Revenu en France , je lus avidement ce Voyage de la Sicile & de la grande Grèce, & celui de M. Brydone; je m’ap- perçusqu’ilsneparloient ni l’un ni l’autre d’un grand nombre d’objets qui m’avolent frappé. Cette nmiftîon me rhagrinnit; elle angme.ntnit en mm le vif regret de n’avoir pn donner à l’obfervation de ce pays le temps néceffaire. Mon imagination s’allume ; & je prends une forte réfolution , celle de dévouer plufieurs années de ma vie à cette étude , où j'entrevoyois de grandes richeffes à manifefter aux favans , aux artiftes, à tous les ama- teurs des merveilles de la nature ou des arts. Je me fentols né pour faire un voyage avec quelque fuccès, & d’une manière un peu nouvelle. Une fanté robufte me permettoit les longues fatigues , une grande aaivlté qui s’irrite par les obftacles , & la paffion de faire des découvertes dévoient me rendre les travaux que je m’impofols plus faciles & plus agréables. Je parlois aufli le langage du pays; d’ailleurs j’étois peintre &architeûe,& je pouvois avec les connoiffances de ces arts, non-feulement m’intéreffer plus qu’un autre aux objets que j allois vifiter , mais encore les reproduire. Mon voyage pouvoir être tou-
vj PREFACE.
à-la-fois un récit & une defcriptlon ; voilà ce que je confidérai , ce que je me propofai , & ce que je commençai bientôt à exécuter.
C’eft le récit de ce fécond voyage que je préfente aujourd'hui au public. Je décrirai, comme voyageur , le gouvernement , les mœurs & les ufages de la Sicile ; comme artifte , j'olfrlrai dans les gravures tous les monumens qui m'ont paru curieux & intéreflans , que j’ai recueillis à l’aide du deflin tant géométral que pittorefque. Je me fuis attaché fur-tout à tous ces beaux relies de l’antiquité , dont cette riche contrée eft comme le fanéiuaire. Mon ouvrage en fera une ample colleélion : en voici la lifte.
Deux amphithéâtres , fix théâtres , vingt-fix temples , dont deux font encore fur pied , & alTez bien confervés ; trois monumens triomphaux , des palais , des murs de villes, des ponts ayant encore leur pavé antique , des nomachies , des conferves d’eau , des aqueducs , des puits creufés dans le roc avec des communications fouterraines ; d’autres puits faits en terre cuite, des bains de différentes efpèces; des tombeaux très-variés de forme , de grandeur & de conftru£lloii j des cLuries antiques: enfin , de ces édifices dont le caraSère ftngulicr ne peut indiquer la deftination , mais qui font cepenfl^i-'^- très-in«relfans , foit par leur grandeur, leur conftruflion, ou les matériaux qui y ont été employés; des ftatues , des bas-reliefs , des vafes en marbre , ornés de fculpture ; des vafes étrufques, grecs & autres , en terre cuite ; des fragmens d’architeélure , des meubles , des uftenfiles, & généralement tout ce qui peut donner une idée de ces temps reculés.
Je crois devoir placer ici quelques notions préliminaires fur cette île.
La Sicile a été long-temps contiguë à l’Italie ; l’époque de cette féparation eft inconnue ; mais il n’a fallu ni miracle , ni tremblement de terre pour opérer cette féparation, comme le dit Alberti, & comme le penfent beaucoup d’autres. J’efpère établir ce point par l’examen que je ferai des matières qui forment les rives & les montagnes oppofées du canal qui fépare cette île du continent.
De toutes les îles de la Méditerranée , la Sicile eft la plus grande, la plus fertile & la plus peuplée.
Elle eft fituée à l’extrémité de l’Italie, vers le couchant ; elle forme un bras de mer qu’on appelle le Canal de Mejjîne , canal qui n’a pas trois quarts de lieue de large à la partie feptentrionale ; c’eft dans ce canal que font les promontoires fameux de Carybde & Sylla; celui de Carybde touchant au port de Me£ine , celui de Sylla tenant à l’Italie, à la partie la plus étroite du canaL
La Sicile eft triangulaire ; elle a environ 66 lieues dans fa plus grande étendue. On la dlvlfe en trois vais , mot qui répond à celui de province. Ces vais ont reçu leurs noms des villes qui font, ou qui ont été leurs capitales : le val de Mazzara au midi , le val de Noto aulevant, & le ra/d’Emoné au nord. Ce dernier n’a plus fa capitale ; elle a été détruite par les guerres.
On remarque dansbeaucoup d’endroits decette île, qu’elle a pour bafe aufonddelamer des matières vomies par les volcans , & qui ont été couvertes par des dépôts marins de toutes efpèces , telles que des roches calcaires de tous les genres , fimples ou compofées , homogènes ou remplies de couches diverfes: ailleurs on trouve des gy pfes , des albâtres , des marbres; dansd’autresendroits des fables, des grès, des poudlngues, des argiles, des agathes.
des jafpes , des bafaltes , &c. Toutes ces matières très-dlftlnÛes, très-varièes & combinées di
de terre végétale. Cette croûte a été dégradée dans la fuccefîion des temps par l’aélion des eaux, & elle laiffe appercevoir la bafe antérieure fur laquelle elle eft pofée. On apperçoit cette bafe , tant aux extrémités qu a 1 intérieur de l’ile dans bien des endroits , & fur-tout au fond des grandes vallees & des ravines creufées par le palfage des eaux , depuis des milliers de fiecles. La, fe préfentent aux faces des rochers, des portions de laves & des pozzolanes friables ou folidifiees; elles font aufîi très-fouvent unies à diverfes fubftances minérales ou argileufes ; on les voit fréquemment enclavées dans des ma!fles calcaires d une hauteur prodigleufe. Ailleurs, ce font des bancs horizontaux ou inclinés de ces mêmes matières qui s étendent fous des portions de terrain confidérables. La bafe de l’Etna fe perd ainfî fous les montagnes qui l’environnent, &dont il fut long-temps enveloppé; mais les eaux des pluies & des torrens qui fe font épanchées fur ces montagnes ontféparé direâement lEtna, en détruifant ce qui lui étoit étranger. La lave lert encore aujour- dhui de ht ü eanv, les ravages ifolent chaque jour davantage ce terrible volcan.
J aurois beaucoup à dire fur les premiers habitans de la Sicile , ü je voulois compiler une foule de livres anciens & modernes. Mais tout cela fe réduit à des rêves de l’igno- rance & aux hélions des poetes. Contentons-nous des faits les plus probables & les plus certains. Nul pays na éprouvé plus de révolutions politiques. Les Phéni- ciens furent les premiers etrangers qui dominèrent dans la Sicile ; ils y fondèrent des colonies ; les Grecs s y établirent peu de temps après le fiège de Troye ; les Cartha- ginois en difputerent 1 empire aux Grecs pendant plufieurs liècles ; les Romains en chaf- serent les Carthaginois , & ils reunirent tous les divers gouvernemens de l’ile fous leur puilTance unique & abfolue. Dans la decadence de l’empire , les \ andales la pillèrent & lalfervirent : Béhfaire la fît rentrer un moment fous la domination des Empereurs de Conftantinople. Bientôt elle devint la proie des Sarrafins ; les Normands l’enlevèrent aux Sarrafins, & y fondèrent un royaume qui acquit de la force & quelque fplendeur. Mais les Allemands devoient y régner à leur tour, & les François leur fuccéder enfuite. Les François y périrent dans le fameux maffacre connu fous le nom de T^êpres Siciliennes, Les Aragonois y furent reçus comme des maîtres. Depuis cette dernière révolution , la Sicile eft fous la puiftance de la branche d’Efpagne qui règne à Naples. Au milieu de tous ces changemens , on n’apperçoit jamais une époque on les peuples de la Sicile aient eu feulement la penfée de fe gouverner eux-mêmes; il femble que toutes les nations ont droit de commander dans ce beau pays , hors celle qui l’habite.
Cependant ce peuple dégradé par fa conftante fervitude , a un caraélère à lui, qui la fouvent rendu formidable à fes maîtres , qui l’a jeté dans de grands excès , & qui la quel- quefois rendu digne du génie des arts qui lui avoient été apportés. Les Siciliens n’ont pas toujours été etrangers à tous ces prodiges de l’induftrie humaine, dont leur pays conferve encore des débris fi magnifiques. Les Grecs & les Romains les avoient aflbciés à leur gloire. Mais aujourd’hui , ils ne favent ni ufer de l’énergie & de l’aaivité de leur caraaère , ni s’enflammer d’émulation à la vue de tous ces tréfors de l’antiquité , de toutes ces mer- veilles des arts & de la nature qui les environnent. Peut-être ne faut-il attribuer ce défaut
vij PREFACE.
de lumières & d’induftrle , & la rouille de barbarie qui attriftent dans ce peuple , qu’à Ibn ancien gouvernement, qui s’étoit peu occupé de le faire participer aux progrès de l’Europe entière. Pour concevoir toutes les fautes de cet ancien gouvernement , il fufîit de jeter les yeux fur la population de la Sicile. Celle de l’île entière équivaut à peine à celle de Sy- racufe ou d’Agrigente dans le temps de la fplendeur de ce pays. Et cependant tout femble y appeler une population immenfe ; le commerce n’a befoin que d’y être admis ; nulle part il ne trouveroit plus de refîburces, ni l’agriculture une terre plus fertile : il fort de fon fein chaque année plus de foixante branches de commerce, qui, étant bien cultivées, fe- roient l’état le plus florilTant ; mais les églifes & les couvens y font trop multipliés j tout eft à eux & pour eux ;les ans mêmes ne travaillent plus que pour leur décoration , & ils n’ar- rivent le plus fouvent qu’à une fomptuofité fans goût. La foule innombrable des commu- nautés religieufes , en ruinant la population, entretient encore la pareffe des habitans. J aurai plus d’une fois occaûon de déplorer l’état civil & moral où j’ai vu ce pays; & je pourrai aulîi rendre julhce à tous les hommes honnêtes & éclairés que j’y ai rencontrés. C’eft un des plaifirs de celui qui écrit fes voyages, de communiri”®** rnnvp«£ par la penfée avec les hommes dont il a éprouvé l’amitié & les lervices , de vivre encore en quelque forte avec eux, & de pouvoir faire partager à fes leêleurs fon eftime & fa reconnoiflance.
VOYAGE
VOYAGE
PITTORESQUE
DES ISLES
DE SICILE, DE MALTE,
ET
de LIPARI
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CHAPITRE PREMIER.
Départ de France pour Naples , de Naples pour la Sicile. Cane delà Sicile. Voyageurs Siciliens. Route dAlcamo. infeription. Temple de Ségejle.
Je partis * Paris te^i« mars 1776 pour aller m'embarquer à MarfeBe. La route d’Mie efl plus
courte par mer , & die rdpondoit mieux à mon impatience. Cependant je m’arrêtai dans le- Comtat Venatirm; je peignis cette belle fontaine de Vauclufe , chef-d’œuvre de la nature , que Pétrarque a rendue û edebre. Je fus auŒ dans la petite ville de Saint-Remi ; j’y deffinai l’arc de triomphe & le tombeau py- ramidal , monumens qui nous reftent des travaux des anciens Romains. Car par-tout oh ces vahiqueurs ont porte leurs pas , ils ont fondé des monumens.
En deuxjours je me rendis d’Avignon à MarfdUe ; & le furlendemain de mon arrivée , à huit heures du matin, j’étois en pleine mer les voiles déployées .- un vent frais du nord-ouefl nous chalfoit très-agréa- blement ; & il étoit fi foutenu , que la centième heure après notre départ de Marfdlle nous étions déjà dans le port de Naples. ^
Je connoiffois ce pays ; j’y avois des amis. Je les revis avec ce plalfir qu’on éprouve quand on recouvre un bien dont on a ete privé pendant long-temps. Tout entier à mes travaux , je montai au fommet du Véfuve Sc de la Somma. Je peignis ces vues ; je recueillis plufieurs morceaux curieux des produéfions de ce volcan.
^ Je VIS fe liquéfier le fang de Saint Janvier ; & peu de jours après cette fête fameufe , je p.irtis pour la Sicile fur un vaiiîeau françois. J’étois muni de lettres de recommandation quem’avoient données d’elli-
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mables négocians , MM. Méricoffre & Pefchair , auxquels l’amitié me iloit : lettres aBfoîument nécef- faires dans une île où on trouve à peine quatre ou cinq villes qui aient des auberges ; par-tout ailleurs il faut recourir à rhofpitalité. Les citoyens reçoivent bien les étrangers qui leur font recommandés ; & à leur tour ils leur donnent des lettres qui les recommandent aux amis quîils ont dans les lieux que ces voyageurs veulent vifiter. On verra dans cet Ouvrage différentes aventures qui me font arrivées , faute d’avoir eu quelquefois de ces lettres. Je ne les rapporte que pour faire fentir plus vivement à ceux qui feront tentés de voir ce beau pays , l’extréme néceflité de fe munir de bonnes recommandations.
Départ de. Naples. Arrivée à Palerme.
Le 1 2 mai , à 6 heures du foir , nous fortîmes du port de Naples. Un vent frais fou/doit du nord , & règnoit depuis le matin. Notre vaiffeau doucement pouffé au large nous rendoit toujours plus agréable le fpeélacle de Naples Sc de fes environs. De nouveaux objets s offroient a chaque inftant a notre vue. Bientôt le Véfuve a droite , Pouzzole & Baye à gauche fe rapprochèrent par l’éloignement de notre vaiffeau , & ne formèrenr plus qu’un luôuic laLIcüu avec la ville Je NapIcs. Les belles côtes de Sorinte s y joignirent ; & au déclin du jour l’île de Caprée faifoit une douce oppofition avec le foleil, qui baiffoit toujours. Le vent fe caImoit;iIraIentiffoit notre marche: je pouvois contempler à mon aifele ravliîaot ipcCiacic Je tant d objets variés , qui changeoient de couleur & d’effet à mprurp ^uc le loleil le cachoit, & neclairoit plus que le fommet des montagnes. Le crépufcule , premier rideau de la nuit , en paffant légèrement fur les lointains , les confondoit infenfiblement avec le ciel , & preparoit les yeux a I obfcurite profonde ou par degié tous les objets fe confondirent.
Le Capitaine & tout I cquipago c’itoient mie J» tofcio 3 Tcul je m en ctois dilpenfe , ne voulant pas me priver du plaifir de contempler ce magnifique fpeftacle & celui du ciel , qui , d’inftant en inffant , s’em- bclliffoit d’une multitude d’affres innombrables qui étinceloient de toutes parts.
L’air étoit tranquille , la mer nous berçoit. Le roulis du vaiffeau ne me permit qu’un fommeil inter- rompu. A mon fécond réveil il étoit a peine jour. Je vis avec regret que nous n’étions encore qu’à trois lieues de Caprée. Mais le vent du nord que nous avions eu la veille fe releva , devint frais , &. nous promit une très-belle journée.
L’aurore étoit brillante de tous fes feux ; nous allions avec une telle viteffe , que I apres-diner je vis Stromboli ; & bientôt toutes les îles de Lipari s’élevèrent à nos yeux. Nous apperçumes enfin les cotes de la Sicile. Nous nous flattâmes pendant quelques momens de coucher a Palerme ; mais le vent nous manqua. Ce ne fut que le lendemain mardi , à dix heures du matin , que nous entrâmes dans le port : en trente-huit heures nous avions fait un trajet d’environ cent trente lieues.
Dès qu’on eut apperçu du rivage que nous faifions route vers le port , une chaloupe s en détacha , & s’approchant de notre bâtiment à la portée de la voix , nous demanda d où nous venions , depuis quand nous étions partis , quels vailleaux nuus avluus icui»umrés , &c : cai un ne peut débarquer en Sicile fans permiffion. Des députés ou gardes de la fanté vifitent le navire , pour favoir s’il n’y a perfonne qui foit attaqués de maladies contagieufes ; c’eft un ufage dont on ne fe difpcnfe jamais.
Dès que j’eus fait choix d’un logement, la curiofité m’entraîna; je fis fans guide le tour de la ville. Je marchai jufqu’à la nuit , enchanté de l’afpeft du pays. Je fis alors peu de féjour à Palerme ; je n’y reffai que le temps néceffaire pour voir les perfonnes à qui j’étois adreffé , & pour en recevoir de nouvelles lettres de recommandation. Je ne parlerai donc point ici de cette Capitale ; je n en ferai la defeription qu’à mon retour, lorfque la fête -de Sainte Rofalie m’y rappellera.
7 hi/i/,/c///\r Swi/ti’/is .
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. ^
PLANCHE PREMIERE.
Cant de la Sicile.
Dans ce moment , prefle de partir , je chercliai ma route fur une carte de la Sicile : je la traçai par une ligne ponfluée : je marquai d’un petit cercle les endroits où je devois faire quelque réfidence , & d’une petite croix ceux où il y a des monumens que je me propofois de deffiner , quoiqu’ils fuffent éloignés de mon cFiemirf!
Je n ai trace ^ans cette carre que les pays dont je parlerai dans cet Ouvrage , parce qu’iîs contien- nent des objets que j ai deflines , & que je mettrai fous les yeux de mes lefteurs. Les autres pays au- roient fait confufîon , fi je les avois marqués fur une planche auffi petite. Mais pour que les curieux ne regrettent rien , & ne me reprochent aucune omifiîon , je donnerai à la fin de cet Ouvrage une carte generale de la Sicile , & des lies de Malte &. de Lîpari : on y verra leur pofition refpeftive &. leur diftance. Cette carte fera une fois auffi grande que celle que je donne aujourd’hui.
J ai déjà dit , & je ne puis trop repeter, que les premières provitions d’un voyage 'de Sicile doivent être de bonnes lettres de recommandation. J’en avois eu quantité, & l’on n’en peut trop avoir. L’Arche- ■veque de Palerme , M . àevenno , m ‘•n donna plufieurs pour les perfonnes les plus diftinguées dans l'Eglife 8c dans l’état féculier.
J’en reçus auffi du Prince dePietra Perzia, du Prince de'l’orre Muza, &du Marquis Natale. Notre Conful M. Gamelin me pourvut d’une efcorte , & me donna des lettres pour nos vices-ConfuIs qui ré- fident dans les autres villes de la Sicile , h pour le.; nmic q,.’iT y n„nir lUM G.a.m , Compagnie,
a qui j’avois été adreffé de Naples , & M. Garnier, négociant françois , me procurèrent par leurs lettres les réceptions les plus agréables par-tout où je palîai.
PLANCHE SECONDE.
Les Voyageurs Siciliens.
On ne voyage jamais en Sicile fans une efeone. On peut voir dans cette planche un voyageur accom- pagné de quatre hommes ; c ell ainfi que je marchois. Sachant tien la langue du pays , j’avois pris l’hahit Sicilien , afin qu on ne me foupçonnât point d’ètre un étranger , &. afin de courir moins de rifques : car, dans toutes les hilloires tragiques qu’on m’avoit racontées , je in’étois apperçu que les brigands en vouloient toujours davantage aux étrangers qu’aux naturels du pays.
J étois vêtu comme le plus fimple des voyageurs Siciliens. J’avois un fufil en travers fur le pommeau de ma felle, un fourniment en bandouilière qui tomboit fur ie côté gauche, qui contenoir des balles & des bourres , & tout ce qui ell néceffaùe pour ch.arger une arme. Je portois en fens contraire une grande & groffe corne , «rnée de bronze ; elle renfermoit la poudre. J’avois les cheveux enveloppés dans un filet, au milieu duquel étoit un gland très-orné qui llottoit fur les épaules. Ajoutez à cela un chapeau rabattu , & des bottes courtes à l’ancienne mode , vous aurez la peinture complette de mon ajuftemenr.
C’ell dans cet équipage que je partis de Païenne. Les deux foldats qui m’accompagnoient , font de ces gens qu’on appelle Campieri , hommes deffinés dans l’origine à garder les moiffons &. les vendanges , tels que font les Mufliers dans les environs de Paris.
On imagina fur la fin du fiecle dernier , lorfque les brigands infefioient la Sicile , d’employer ces
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gardes a efcorter les voyageurs. On a confervé aujourd’hui l’ufage de s’en fervir , quoique le danger foit paffé. Les grands feigneurs en prennent jufqu’à vingt-quatre ; ils font vêtus alors d’un habit uniforme, gc ils portent un bonnet femblable à ceux des houzards : les armes de l’homme puiflant qui les foudoie , font gravées fur une plaque de métal attachée au devant de ce bonnet.
Je n’en avois que deux : j’avois auffi un autre homme , qu’on appelle Bordonaro ; tout fon emploi confîfte à conduire les mulets , & à en avoir foin dans les auberges. Mon domeflique étoit mon quatrième compagnon.
Route d’Alcamo. Habits-, Procédions; Vijltes, SCc.
Plus nous nous éloignions de Païenne , plus les chemins frayés au travers des montagnes devenoient rudes & tortueux. Près du village de Borghetto la curiofité me fit gravir fur une roche , qui , par fon fommet efcarpé, caverneux, entouré d’arbres, fembloit annoncer un fpeftacle intérelTant, fit qui ne m offrit rien. J’y peiifai périr ; en defcendant je fis une chute , fit je relfentis une douleur fi vive , que je ne m apperçus m de la perte de mon chapeau , m de celle de mon couteau-de-chafie.
Le lendemain , jour de Pentecôte , nous arrivâmes à la petite ville d’Alcamo. Les rues , les places publiques étoient remplies de monde.
L habit que les hommes y portent approche par fa forme de muincs ; on elt tenté de les prendre
pour des capucins. Je me mis à les delTiner. Je fixai bientôt leur attention. Dès qu’ils eurent remarqué le plaiOr que je prenois à tracer leurs figures , ils s’emprefsèrent à me fervir de modèles.
Ils s’extafioient , fit ne conccvoicnt point comment avec un long clou , car c’eft l’idée que mon crayon noir leui offmir , il pniTihIe de créer ime petite figure qui leur rpfiemhlâr. Tous auroiem voulu être deflùiés , c’étoit à qui le feroit.
PLANCHE TROISIEME.
Habitans d’Alcamo. Plan du Temple de Ségejle.
Us ont trois fortes d’habits , qu’on appelle le capotto A , le paîandrano B , fide falimarco C , fig. i
Le capotto efl un vafte manteau d’une greffe laine noire , ayant un collet , fit rien de plus. Le paîandrano efl aufli un manteau , mais il a un capuchon dont la pointe cft fort longue. Us fe mettent ce capuchon fur la tête comme les capucins ; la longue pointe fe replie fie pend très-bas par derrière.
Le falimarco eff plus original : c’eft l’habit de la plus haute antiquité. II fe compofe avec deux longues bandes de grolTe laine noire , qui fe mettent en croix. A l’endroit où elles fe croifent on fait un trou , au travers duquel on paffe la tête. Alors il fe forme de ces deux morceaux croifés quatre bandes qui pendent par derrière , par devant , fit. de chaque côté. Us y ajouicm un cupucLon. Voyez CC.
La figure E , même Planche , cft un habit à peu près femblable à une robe de chambre , qui auroir un capuchon.
La figure F , eft un habit de travail pour les hommes , en ufage fur-tout chez les pêcheurs fie les matelots.
Avec ces habits , qui nous paroilfent finguîiers , les hommes portent de petits Bonnets noirs ou bruns en forme de calotte , mais excelTivement pliffés. Us portent de plus de groffes chaulfes , qui font aufl'i de laine noire ou brune. Un morceau de cuir quarré de la grandeur du pied, attaché par delïus 6c autour de la jambe avec des lacets, leur fert de fouher. Cette chauflure eft fort ancienne} c’eft l’origfne du brodequin , qui n’eft que la même chauflure perfefihonnée.
Les
^ VOTAGTÇ VITTOHESQUa
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de U j>nuic ^ *.4 ^rtrccci * Ut!T kn de ibidici. KVtaxiçicnoe-; c’efl i'ongrâ e du
Ar qtuu’cAqiM U «Mm chnifimr ptcic^honolix
Les
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. 5
Les femmes ne me furprirent pas moins. Toutes , de quelque rang qu*elles foient , s’enveloppent dans une mante noire de foie ou de laine , félon leur fortune. Voyez même Planche , fig. G , H , I , K , L. Cette mente leur couvre le vifage , les mains & tout le corps : à peine un petit intervalle laiffe paroître les yeux ; fouvent même il n’y en a qu’un fcul de découvert. Cette longue mante defeend jufqu’à terre, & même elle traîne par derrière. Voyez G.
Les femmes qui font jeunes , & qui fe piquent d’élégance , ont une autre forte de mante qui s’appelle à la paîermitaine ; elle defeend jufqu’à la ceinture , oii elle eft liée , ramalî'ée fur le devant &. fur les côtés afin de retomber par derrière , en y formant une forte de queue. Voyez K & L.
Sur le devant de la mante pend toujours un chapelet. On ne peut fortir & fe préfenter fans ce fymbole de la foi qu’on profelfe ; on le regarde comme une compagnie de toutes les heures : les femmes font fuppofées s’en occuper fans cefle.
Quand les femmes fortent en déshabillé , & vont faire des vifites familières , elles portent , au lieu de cette longue mante , un morceau d’étoffe fine de laine ou de foie blanche , de forme quarrée, comme luie grande ferviette. II eft effilé par les bouts , &. orné de larges raies cramoifies ou bleues. Elles fe mettent ce voile fur la tête , & s’en enveloppent tout le corps. Cette forte de mante efl particulièrement celle des jeunes perfonnes d’un certain rang. Voyez H.
J’étois arrivé le jour de la Pentecôte ; je vis des proceflîons. Les payfans y marchoient par cen- taines , tels que. je. Tes aï repréfentés , Planche III. Ils avoient la tête & les pieds nuds ; ils portoient une couronne de véritables épines qui les piquoient bien cruellement. Ils avoient la corde au cou , la torche à la main , un fcapulaire pendant fur la poitrine, lis alloient les uns après les autres , baiffant le front , chantant des Litanies , précédés de prêtres , de moines , de tambours , & de gens armés qui tiroient de temps en temps quelques coups de fulil. C’étoit une confrairie , & il y en a beaucoup de cette efpèce.
Je vis enfuite des proceffrons de pénitens. C’étoit des bourgeois enveloppes d une aube & d’un camaiï de toile blanche qui leur couvre la tête , la poitrine & les bras jufqu’au coude. Ils voient & refpirent par des trous : une corde leur fert d#ceinturc. C’cfl un fpeélaclc hideux.
Un chanoine, qui m’avoîtpris en amitié en me regardant deffmer des femmes, me dit qu’il y avoir des antiquités au fommet de la montagne d’AIcamo. J’y fus : je n’y trouvai qu’un vieux château bâti par les François il y a quelques fîècîes, & une citerne réparée fur un plan antique. Peut-être fut-elle belle autre- fois , mais elle n’offfe rien de curieux aujourd’hui.
Redefeendu de la montagne , j’allai voir le gouverneur d’AIcamo , & lui remettre les lettres que j’avois pour lui. Son palais , fa perfonne , fa famille , fes valets , tout avoit une connexité parfaite , un air d’anti- quité & de bonhomraie , une cordialité charmante.
Tout étoit prêt pour la meffe : nous l’entendîmes. Soudain deux battans fe ferment ; l’autel difparoît; on ne voit à fa place que l’apparence d’une armoire , & la chapelle n eft plus qu une chambre a coucher. La meffe dite , on me fit les honneurs du pays.
On me mir dans un grand fauteuil à bras ; on me queftionna : on envoya chercher tous les païens , tous les amis ; on leur fit dire qu'il étoit amvé un étranger , un François. Ils viennent en hâte , ils m’entourent. Ils favoient que la veille j’avois deffiné des hommes & des femmes dans les rues. Je propofe d’en deffmer encore , on ea fait venir ; on s’étonne qne je faffe avec tant de promptitude un objet li reffemblant. On m’invite à dîner : on me fait des queftlons fur la France , fur le but d’un voyage auffi difpendieux , auffi périlleux que le mien : tant il eft vrai que tout eft prodige ou danger pour des hommes qui n’ont rien vu ! Ils étoient tout étonnés & tout enchantés que leur pays intéreffâr les étrangers , & fur-tout les artiftes d’une nation telle que la Françoife. On me fit des offres de fervice : on fit venir auffi les hommes les plus favans de la ville. Tout ce qu’ils purent me faire connoître , confiffe en quelques fragmens d’architeflure , qu’on avoit incruffés dans des murailles afin de les conferver, &
D
à
Cf VOYAGE PITTORESQUE
en une infeription en terre cuite que je vis dans une maifon voifine de celle du gouverneur ; je la copiai
bien exaftement. La voici gravée avec la précilron la plus fcrupuleufe. (*)
nePlEA EYSOME0A
y\\?(y(i^DDO.U:^ïySVl
L/0"e,.CjVLP/TiO.
5^Crt^^7-c.3c/!2P
(») A mon retour à Paris j’ai fait voir cette Infeription à plufieurs perfonnes verfees dans la connoiffance des Infcriptions & des Médailles. Je ne prétends point décider entre leurs différentes conjeflures j mais j’ai cru devoir communiquer à mes Lefteurs la lettre que M. Lefebvre de Villebrune m’a écrite à ce fujet.
Monsieur, j'ai lu, avec beaucoup d’attention , la copie que vous m’avez envoyée de votre Infeription Sicilienne. Si elle eft vraie , comme je le penfe , c’eft un des plus anciens monumens de l’Hiftoire Romaine. Elle nous rappelle même un fait qui , comme bien d autres , a échappé aux recherches des Hiftoriens ; & nous préfente l’époque du premier pas que les Romains firent en Sicile, pour etendre leur domination. Au moins ne vois-je rien d’anténeur dans les fartes de ce peuple conquérant, relativement a cet objet. Il me paroit cependant bien fingulier qu’un fait auffi notable que celui dont il s’agit dans cette Infeription n’ait pas été configné dans quelque monument hiftorique. Je vais d’abrrd vous en donner le fens , enfuite je ferai quelques obfervations très-fuccintes : car le temps ne me permet pas de faite des recherches ultérieures ; recherches qui fans doute deviendtoient la matière d une differtaiion alTez longue , & que je lailTe à faire à d’autres. Au moins leur aurai- je facilité le travail. Voici donc le fens à la lettre , & félon les lignes.
ClRCZ/MJBIjyi</.i au^indo cenfui
Rcrum vtnaVmm ctvîtatis, diefexto deetm-
btris, Olyri Lucio Man-
lio, & Caîo Sulpitio
Coofulibus , Trinacrlam
ttnenùbui. Propriam (^o\i privatam')
TCgente rem Publia Lucio Cincinnaio,
Dicaium monimentum CCCC II ab urbe condiiâ, ,
I»»Nous pillons pom faûc la tournée ,*ahn >j d’augmenter le tribut impofé fur les chofes à » vendre de la ville , le fix de décembre , lorfque » Lucius N^inlius , & Caius Sulpitius , ConfuJs » (ou hommes confulaires) étolent à Olyris , où ils » commandolent en Sicile , & P. L. Cincinnatus >> régilTant fes propres domaines. Ce monu- ■>■> ment a été pofé l’an quatre cent deux de la >1 fondation de Rome.
J’obferve i°. que le premier mot, qui ert grec, eft tout en lettres capitales , & porte un accent aigu fur o, ce qui fait une preuve de 1 antiquité des accens. 2°. Les lettres R. V. C. ne peuvent préfenter que le fens que je leur donne , & un palfage de Rofin vient à 1 appui, Antiq. Rom, liv, /o , c. 22, Après avoir détaillé comment les Romains fe comportoient à l’égard
feï
DR fîTCTLR. DE NAPLES, ET DE LIPARI. 7
Environ une heure apres le coucher du foleil , je pris congé du Gouverneur. Ses gens me condui- firent : ils portoient des préfens iju’il m’avoit faits à mon infu. Deux domeftiques avec des flam- beaux ouvroient la marche trois autres les fuivoient ; l’un portoit deux gros flacons d’excellent vin, i’autre du pain & des poiffons , & le troifième de îa viande de boucherie , un lièvre & deux perdrix. La populace me fit bientôt cortège : heureufement le trajet étoit court du palais à mon hôtel. C’étoit une taverne , la feule de la contrée ; fa plus belle chambre étoit une forte de grenier ; les tuiles lui fervoient de plafond ; elles etoiem noires de fumée , attendu qu’on s’y paffe de cheminée , &. qu’en hiver Te feu fe fart au milieu de la chambre ou dans un des angles. Plulieurs lits étoient dillribués çà & là. Ces fortes de lits font faits d une paillaife pleine de feuilles de blé de turquie , étendue fur quelques plan- ches que portent de mauvais trétaux. On étend encore plus fouvent cette paillaffe fur des cannes , (efpèce de rofeaux de quinze à dix-huit pieds de long , de dix-huit à vingt lignes de diamètre ; ils font creux & léger ; le bois n’a pas deux lignes d’épailfeur ; & il eft fi compaa , qu’il a une force & une refiftance qu’on n’attendroit pas d’une baguette fi mince. On s’en fert beaucoup dans la conliruaion des maifons.) Je m accommodai un lit avec mon fac , dans lequel je faifois mettre tous les foirs de la paille fraîche : mon fac de nuit me fervoit d’oreiller , mon manteau de couverture. J’ai fouvent couché ainfi dans mon voyage , &. ce n’eft pas fur de pareils lits que j’ai le moins bien dormi. Les gens de ma fuite , c eft-à-dire , mes deux foldats , mon muletier & mon valet , couchoient dans l’écurie avec les chevaux : c’eft l’iifage de ces fortes de gens.
Mon tavemier, en me voyant entrer muni de fi riches préfens, fe hâta de me faire montre de toute fa fcience. Mes foldats fe réjouifloient à l’odeur de ces mets , que nous devions emporter pour notre route, ils efperoient bien quils en auroient leur part. Je n’étois pourtant pas tenu de les nourrir:
de leurs colonies , Rofin rapporte à l’avanf-Hemlpr , les différons tributs qui étoient impofés aux pays
conquis , foit par les Magiftrats romains qui fe trouvoient fur les lieux , foit à Rome par les Officiers commis à ce dépar- tement. Le tribut étoit fixe , ou dépendoic des circonftances qui le faifoient augmenter ou diminuer. Tributum , dit-il incmum quod REBUS VEUALIBUS pafcuis , agrifque confuutüm ejl , &c. Quant à C , l’on fait qu’il fignifie civûal ' dans les Infcriptions. f. Mais quelle ell cette ville ? J’avoue que je l’ai cherchée dans ce monument. Le nom s’y trouve , mais en grec, ligne 4-, & il efi comme déguifé par un figne peu connu jufqu’ici, & qui m’arrêta, il y a quelques années, en par- courant des manufcnts grecs. M. d’Anffe de Villoifon vient de lever tous les doutes à cet égard par le Traité de Porphyre qu’il a fait imprimer dans fa Diatribe , à la fuite de l’Eudocie , pag. 107 , 108. Cette efpèce de lettre S couchée , ou inclinée , elî le ligne dont fe fervoient les Grecs pour marquer la réunion de deux, mots fimpUs dans un compofi ; & ceci nous préfente l’ancienne orthographe du mot punique Oly-ris , ou Olu-ri ( à préfent Elorine ) qui défignoic le château que les Phéniciens avoient conftruit près des côtes , & du fleuve qui fut appelé P^nUus , ou avec l’afpiration Phanicus , comme étant un lieu où ces commerçans^ abordoient. Quant au mot Oluri , il fignifie vue découverte , ou belle vue , nom qui convenoit on ne peut mieux a la fituatlon de ce château. Nombre d’endroits ont ainfi dû leur nom au fite , ou à leur emplacement. Je ne citerai ici que auparavant Eanor/nar , ou mieux, félon d’anciens écrits , Panhormus. Ce mot n’eft pas grec, comme on l’a
forcement prétendu ; c eft le punique P an~horm qui fignifie rupes cingens , ou enceinte de roches , nom qui convient on ne peut mieux au local. Je retrouve plufieurs lieux avec le nom d’ Oliris , dont l’origine eft dûe à ces mêmes Phéniciens , ou Cana- néens , comme en Beotie , dans l’Achaïe , dans la Meflenie , où l’on voyoit aufli le Phanicus fiuvius , fleuve ainfi nommé de l’abord frequent de ces navigateurs. Quant à ce mélange bifarre de grec & de latin , il n’eft pas étrange dans les anciennes Inf- criptions. Mais ce qui me paior. I, r'.a r.r mélange de lettres courantes & de capitales
qu’on remarque ic. , & qui vient à l’appui d’une obfervation de Mgr le Prince de Torremuzza. Voyez M. de Villoifon , Diatrib. pag. 147, 14S. J’obferve encore que la date de cette Infcripcion fe rapporte avec les faftes confulaires. On peut confulter Muratori , 8c l’on verra que les perfonnes nommées ici étoient ou en charge , ou venoient d’en fortir â cette époque. On de- mandera cependant , s’il eft bien vrai que les Romains aient anciennement daté leurs Infcriptions de l’année de la fondation de Rome ? On a déjà fait cette objeflion. Mais eft-elle bien follde ? Je ne le crois pas. Une objeéHon feulement fondée fur la priva- tion de monumens anciens , devient nulle devant un monument pofitif , & qui fur-tout préfente tous les caraRères de la vé- racité. L’expédition pour laquelle il a été pofé paroît aflez digne qu’on en marquât l’époque. D’autres circonftances analogues ont été marquées dans l’anuquité par de femblables monumens. Voilà, Monfieur, ce que je puis vous communiquer dans ce moment-ci. J ai vu avec plaifir que le profond Abbé Brotier ne s’éloignoic pas de mes conjeSures. J’ai l’honneur , &c.
Lefebvbjb de Villebrune.
3 VOYAGE PITTORESQUE
afin d etre moins dupe , j’avois fait prix à tant par jour , pour eux & leurs chevaux ; je n avols rien de plus à leur payer.
Route ôC Temple de Ségefte,
Partis (TAIcamo le lendemain à la pointe du jour , nous vîmes dans notre route le beau fpeSacîe du golfe de Caftellamare : nous apperçûmes de loin la tour de Scopella , la place de l’ancienne ville de Cctaria , 6c des étuves qui font une efpèce de folfatare.
On découvre de loin le Temple de Ségefte : il s’élève à gauche fur une coITme , à cinq cents pas du chemin qui conduit à Trapani. Ce Temple exille tout entier , du moins fa partie extérieure : il ne manque que quelques pierres de la corniche ; le temps a feulement un peu dégradé les colonnes & les chapiteaux.
Plus j’approchai , plus le caraRère rmpofant de cet édifice me charmojt. Ifole fur cette colline , au milieu d’une campagne déferte , la noble fîmplicité de fon architefture en éclaté davantage.
Il eft bâti en pierres : c’eft une colonnade qui forme un quarté long de trente toifes , fur douze de large. Voyez figure 2. Les deux faces ont fix colonnes ; les deux côtes en ont douze , fans compter celles des angles.
Les principales faces de cet édifice font aux extrémités ; un fronton couronne les fix colonnes.
Toutes les colonnes de ce Temple font fans cannelures , & elles font efpacées inégalement aux quatre faces. Les entre-colonnemens font plus larges dans le milieu dos faces qu’aux extrémités. II a été plus facile de mefurer ceux de la face poftérieure , parce que le bas des colonnes eft mieux conferve. L efpace du milieu A, Planche 111, figure 2 , a fept pieds trois pouces ; celui du côté B a fix pieds dix pouces; celui qui eft à gauche a fix pieds onze pouces. Les derniers, DD de chaque côte , ont fix pieds cinq pouces. Cette dittêrence tnntcivaii*- pnrrc-colonnemens , eft à peu près dans les mêmes proportions aux
quatre faces de cet édifice : cependant elle nelt point oblervée rigoureufement , puifque cette dilhnéfion n’eft pas exaftement femblable d’un côté à l’autre.
PLANCHE QUATRIEME.
Colonnes géométrales du Temple de Ségefte.
Je remarquai au focle qui porte les colonnes de la face principale , trois petits boffages quarrés , de fix pouces de large , &. faiïlans de trois pouces. Voyez figure i. Je cherchai long-temps à quoi pou- voient fervir ces petits boffages ; mais lorfque j’en eus vu d’autres de forme à peu près femblable , qui ornoient les gradins du Temple de Caftor & de Pollux , qu’on découvre encore au milieu des ruines d’A- grigente , je connus que les boffages qui font au focle du Temple de Ségefte n’etoient, comme les autres, qu’un fîmple ornement.
Cela me paroît d’autant plus vraifcmblable,queles colonnes de ces deux Temples ont des bafes a peu près pareilles. Celle-ci eft fmgulière , en ce quelle a un refend B, qui la creufe tout autour , & qui fcmbic la mettre en l’air : il donne au moins beaucoup de légéreté à la colonne , fur-tout étant accom- pagné par les quatre petites tables de relief qui rempliffent les angles du focle de cette colonne. Voyez CC le plan de ces focles.
Ses chapitaux ne font pas moins intéreffans par leur finguïarité. Voyez le rétréciffement D de la partie fupérieure de la colonne qui répond à la profondeur du refend de fa bafe , en prefentant I idee d’une colonne fine de proportion , mais enveloppée d’une écorce qui lui donne de la confiftance. Les petits filets quarrés qui font au deflbus du chapiteau font développés en grand dans la figure 2 , afin de bien faire connoître leur forme &. leur difpofiiion E. Les angles renforces du tailloir de ce chapiteau ,
font
VOÎAGE PITTORESQUE
• . Ut pra ï tATU p*T jour , pour eux & Istm cfcc'^aux j je noToâ ri^e de
Fonte SC Tanjttt de Sdftfie. i
IM ^ N C Î1 £ Q U A T R I K M E.
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i; I- ' ^ l«nW}!lil<, mw fKrâ bo&grt ifU«lT«
j jW:r'i <l 5. î'k •■ .■'-•I*. * Vurym i«uie i. J» HwK»- W~ temps à qui» pou-
«OMtf. inp«iuWfl»|f«»; ein «U «foutrej ikikinne 1 j»apin fcmbUilo, ^
#,-mnp«l.'5 p/idim du Temple de Cefloi di. d« P .'^ , ipi'medéeouvic encore su mJlcu dis rùiuw iTA- e ^igiiore * je i.ojwot que leq faoffs^es qui font au fow du Tcuqdc de Ségefie n*dtoicut, comme les autres ,
<ji. ■:. 'Ijîjd'î t-^ne-frieiit ^ ’
CtfcA pin* xT»ac3ml>{AM.,^uotea coïatuwsdcfesdriTxTcmpîciKTntdcàLaAaàpcu
P W (fan:' «fl fingulitfio , en cc <{u'dic a iw rtÏE»! B, <ïu( Ucinaà ttnn auti/*4r , ii gai ^ .;« . M , . • donne au moins beaucoup doié^ireté ü U colonne ^ fur-«ur ceùu «ccom*
' P , r ; 45 relirfgui l' ••■îfin’ ^ iw'b- de eetm c^^onu-
■■ rî»'''fe;;i - ^ ■■ • il . <■••.. '
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.. — • . 4. V. .'■n'î .-d' if *■ «tt-uJ de É. F>slc , en préiletixam fiddo
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(fc.il F-»» inJfcUe' (S lé* lufceié A Fs.i. 'upîifa».'» 5 »< ^ renforces du tailloir de ce chapiteau ,
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0« éi, f., l«m |c Temple de ScgelFe : H s’iFtve 1 gmtcb; Fila un» «■i"ub , k «ûjq eemi p*s du <lMia« f» - •»' Fiu' é S'«p«i- Cu Temple exifte tout enriei , du au^ fa p»m» ei.“(i .ir.^: H «e manque qnt iqikT • . V • ’- ; I l 'unki.: i le temps a feuFcmcm im peu dégrade les colonne» & les chapiteanï. Pli» • lip . p'i - ' »npofM)l de e« éÆficc B* cbannolt. Ifolé fnr cette ixéiine , au
,i uoFi'; F., fan Aî'- oeepi
Fl ifi bi« M {•<.-> I -.tl'aMi '*.."1 ca,:.i .. . «ne fcu qiiafic luns *’ «éfilc "«*» e donee de large. V«5«e Sgaree. I os .Vais isce» ont i- c eloourqi Ka détii tW» en ont thmw, lâes coapter oeHck Jri
■ le» ptirs,tp«le» fcotu ifc- «a édqitr curiniitéi ; un fronton coraonne les fis colooncs. _
Toisics Fci cidunncs dt* c« 7'cm.pb: (ont (ans cannelures , & elles font efpacccs iuegalcincm su» qtutre fect. Irt rT-.,re<olonaemeiis font plus larges dans le milieu de» fcsu» «rJVi. cioPdiFrf». B » éic plus . 1. U fcce pnfléw.ure , pwca qae fcfsl» dos “donnes e# ittiiiuj conférée, L’efpace
:. -..'r.ltf. c:,a-rqn-^Srin,fc.pouiaai;c:Uù,ducS»«BiCcpie*4i>pi>- ’t ridtri
i , ud.otieepcne*. leatdr.nwrs.DDdeoliaqirêcbsé, ou» Sa pauls linq ).»»:«.
~ Jl».~l~-afc»s»kaenetnCTS, eBhpaip«i»da»bs.ilftiseif»iij»m**»aiax
■ ■ . ‘ ws . -■ 'ici- Kc..t clFc.nelt ponst oWervée ngournufcioonr, pinfquc ccett diftiflfhirtx
.t- ., Jai .’ nr. ibSe a r«u;ie.
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I:-
ÜE SICILE. DE SlALTE, ET DE LIPARI. folît ît?5 fcub esemrles que jo connoyTo de cette e!pècc d*brnemcrr. Voyez FF à lëlévarion & au Pf-in . îT^*T y ;
JLe^ iriglvpl'cs >r de cet édifice font difpots iirégulicrcmcnt , ainl! que k-5 anfirns fc le penneittient iffcr fouvent. Les derniers de chaque lace fe foJçncm it l’angïc avec ccJux qui cfl en retmir , & iU n é- loicjn pas placé* fur h milieu de la colonne qu’ils couiomioicnt. Les nKnidhins L fe ■ iwtivaienr égaict de dlôttncc , & rtgagnotenr dil])aritc que pouî a** : n* rcniefquéc dans ics cnrreccionrrtnK’pî • *i n') « - pas de modillon a I angle du plafond du cette corniche ; il n\ a qu*'>n Innpfu orneincat fcuîptL Voyea M au plafond , figure 3. If y avoit régulièrement <lix-lniit goucoi de /orme c^diud.iquc fous chaquè ino» tlHîon i iî n y fvoic aucun ornement m modiHco djni la corniche du finneoru
Le membre fupwicur & le plu* làiKanr do cette cornichç tVft m«v*; fi fort dégrade , que je n ai pu déterminer û forme avec précÜton. U ne faut pas compter «aâurnvtu fur . celui que vous voyez N au jdan ni à
PLANCHE CINQUIEME,
De tifi’erieur du Temple de Si^efie.
4« patuii- =<[».■» 1*1 '.I 3^ .< iTf^a ■ , . -V ‘it '1 " L r i*. de p ..u .
&««. .•■J ri, ,'j* édin. I, le nuna-fau, • »l;i -ivUblcruMii fu'* ^
XÀ obfer\’é fur cette meme altifo , dans ritiiéneiir de chaque c*itc . des vid.-» qui ont dÜ me les pîaij.-* dw poutres qici cravi^foitnt ccç cfpac- , - ciO'cnt fonrcnri-j jw idi mm. -U fr,,Oi’Uic d^ .v
Temple. Je ervis du moins que eu fanéhiaûrc a c'xtllé ; aujoimThui H cfl dettun enuitrement. On v<^ encore aur mténeurs des frontons les places des pièces du ciuupcnte qui compofoicnc les pa^dc-» pdtîci- *palci du toit de cet édifice; '
tulonut J amj pi<» u« i . tnd«ri:A ï ^ v^- S-
f» \îo i d * >'ii ^ fl r«*>»ip«or du f'.^r-, t.\\ dc'ïim . Jt rafchittave. La iiauteiu totale de l’cdifrcc ett <fcn- » Lt,n quawnf^^-un , è Ofmp Ut du rez-ilz-chaulféc jul'qu*^ rcntablcincnt.
PLANCHE SIXIEME.
. • Extérieur du ’l^npk de Séf,:/Ie.
1« rcx^i. .,hj-jjSî. Il; , , , . y i- Vï.ir virtniiK , ■*« ..pt:,.- î.; l' «.*<«*
«:ij "di , |Ki.r 11 Unslcn. ..»rif.(.yTc d. o'-, , f; W H«i Bis p|ilc|m,l <li ;)o m de»
' ...1' d'-fJS'^’ feSfciiBMp.m I«pn:.|xniiora lie te ^.(1* Aîifiix;
■iT. C'- llij; 1 J 1. ,if;.’-iKs. JhU M. .V * ^ .IB tS pt'lJltO , .'C* PB JIVOÎT intA ; tOUtCI ïllS
duluUiona.
Au moment où c« Oirvragc aüon cire pubb'é , /ài appris par des lettres qui me lont atrivecs de Si- cile, qu ôu a creuft au pied des ccdonnes du Tumplc de Ségefic , & ofl’od a découvert trois rangs do gratUns qui regnent tout autour , qui cxIuuiToilt ce TempU. , & qui lui dtnüicnt encore plus de noblcffo.
Le pruinitr a quatorze jKnic<.*.Sc demi de hauteur ; il cft formé par ta roche meme qui ponc cet ; Jh fico , êt qm lait Ii» Life : le fcooind a vingt poute* , St le rr<T'r!cmo a vingt-deux pouc*.'» & lU lom Ara liai it laun'. de trcs-beUci pierres. Il y en avoir un quauifenu; qui ctoit formé ; . '.."-f i.- trmiité d:- rtdTire d' j , qui îaif le foclc des redonnes de c*. Temple ; fotJe oii font k* petits bnf- Jages AAA , bg. j , IHar . IV. Le dcITus de ccue afiîfe foi.foiz le rez du pave toor autour de cet
L. •
DE SICILE, DEMALTE, ET DE LIPARI. font les feuls exemples que je connoilTe de cette efpèce d’ornement. Voyez FF à lelévation & au Plan , figure 3 .
Les triglyphes H de cet édifice font difpofés irrégulièrement , ainfi que les anciens fe le permettoient allez fouvent. Les derniers de chaque face fe joignent à l’angle avec celui qui eft en retour , & ils n’c- toient pas placés fur le milieu de la colonne qu’ils couronnoient. Les modifions L fe trouvoient égaux de diftance , & regagnoient la difparité que nous avons remarquée dans les entrecolonnemens : il n y a pas de modillon à l’angle du plafond de cette corniche ; il n’y a qu’un fimple ornement fculpté. Voyez M au plafond , figure 3 . fi y avoit régulièrement dix-huit gouttes de forme cylindrique fous chaque mo- difion ; il n’y avoit aucun ornement ni modillon dans la corniche du fronton.
Le membre fupérieur & le plus faillant de cette corniche s’eft trouvé fi fort dégradé , que je n’ai pu déterminer fa forme avec précifion. II ne faut pas compter exaftement fur celui que vous voyez N au plan ni à l’élévation.
PLANCHE CINQUIEME.
De Uintérieur du Temple de Ségejîe.
Aux parties latérales, au defius de la corniche de ce Temple , on voit une aflife de pierre quarrée, fans caraftere paAicuIier. Le toit de cet édifice fe terminoit vraifemblablement fur cette alTife.
J ai obferve fur cette même affife , dans l’intérieur de chaque côté , des vides qui ont dû être les places des poutres qui traverfoient cet efpace, & qui étoient foutenues par les murs du fanftuaire de ce Temple. Je crois du moins que ce fanêluaire a exifté; aujourd’hui il cil détruit entièrement. On voit encore aux intérieurs des frontons les places des pièces de charpente qui compofoient les parties princi- pales du toit de cet édifice.
Chaque colonne a cinq pieds fix pouces de dî^^mètre . mefurée ^ fa bafe. Jk. vingtt-^^pt pieds huit pouces de haut , à compter du focle au delfous de l’architrave. La hauteur totale de l’édifice eft d’en- viron quarante-un pieds , à compter du rez-de-chauflee jufqu’à l’entablement.
PLANCHE SIXIEME.
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Extérieur du Temple de Ségefle.
Le rez-de-chaulfée me parut formé par un gradin qui étoit enterré , ou détruit. Je ne pus pas m’en éclaircir , parce que dans cette campagne défene , je ne pus me procurer ni des hommes , ni des outils pour fouiller la tene ; mais ces mefures donnent fuffifamment les proportions de ce vafte édifice ; on en peut juger i’enfemble par la vue générale que j’en ai peinte , après en avoir mefuré toutes les dunenfions.
Au moment où cet Ouvrage alloit être publié , j’ai appris par des lettres qui me font arrivées de Si- cile, qu’on a creufé au pied des colonnes du Temple de Ségefie , & qu’on a découvert trois rangs de gradins qui régnent tout autour , qui exhaulfent ce Temple , & qui lui donnent encore plus de noblelfe.
Le premier a quatorze pouces 8c demi de hauteur ; il eft formé par la roche même qui porte cet édi- fice , & qui en fait la bafe : le fécond a vingt pouces , 8c le troifième a vingt-deux pouces 8c demi. Ils font faits lun 8c l’autre de très-belles pierres. Il y en avoit un quatrième qui étoit formé par la con- tinuité de 1 aftife de pierre , qui fait le focle des colonnes de ce Temple ; focle où font les petits bof- fages AAA , fig. I , Planche IV. Le delfus de cette affife faifoit le rez du pavé tout autour de cet
E
JO VOYAGE PITTORESQUE
édifice ; & l’intervalle que l'on voit entre le focle des colonnes , Pianclie IV , & aux vues generales , Planche V & Planche VI , n’a lieu que par rabfence, des pierres qu’on a enlevées , & qui occupoient l’étendue du fol de ce Temple. On voit encore une grande partie de ces pierres qui fubfiftent , & qui font à leurs places entre les colonnes latérales de ce Temple.
Aux faces du fécond & du troifîème gradin il y a de petits boffages femblables a ceux que j ai marques AAA fur le focle des colonnes géométrales. Aux gradins qui font aux côtes de ce Temple , on trouve aufli de ces boffages ; mais chacun de ces gradins n’a de boffages qu’autant qu il y a de colonnes à ces côtés.
Tout nous a confirmé que ces boffages ne font qu’un pur ornement , comme nous l’ayions prefume d’abord. Ces gradins eux-mêmes ne font pas autre chofe. Leur hauteur de quatorze, de vingt St de vingt- deux pouces & demi ne permettoit guères qu ils ferviffent d efcalier.
Ce Temple vient d’être réparé. Sa durée en fera prolongée de quelques fiecles ; mais d où vint aux Siciliens le defir de découvrir & d’expofer aux regards du public ces monumens enfevelis depuis tant de fiècles ? N’eft-ce pas le voyage de Brydone , celui du baron de Riedzel , le mien , & quelques autres ? ne font-ce pas les difcours des voyageurs St des artiftes qui ont retenti jufqu aux oreilles des poffeffeurs de ces magnifiques ruines , & qui leur ont infpiré l’idée de ces travaux ? C etoît la leêlure des anciens & les entretiens des favans qui avoient animé ces voyageurs & ces artifies , St qui leur avoient infpiré le defir St le courage d’affronter les mers St les brigands pour aller deffincr ces antiques beautés. Ainfi, l’étude de l’hiftoire non-feulement tranfmet les faits St conferve la gloire des nations , mais elle rétablit les monumens , St peut revivifier un peuple plufieurs fiècles après fon anéantiffement.
Je dînai au milieu de cette fuperbe colonnade , dont l’alpefl impofant attelle encore St le genie de ceux qui rélevcreni , St la lîupide barbarie des hommes qui dctruifent rapidement , dans I ivreffe feroce de la guene , St les cités St les monumens qu’il a fallu tant de fiecles , de travaux St de talens pour conftruire. Les Dieux de la Grèce , difois-je , étoient adorés ici ; des reptiles y habitent aujourdhui; St c’ell un artifte fort! des forêts de la Gaule qui vient delTmer les débris de ces Temples , dont le mérite eft inconnu aux habitau. Ue ce pays , lacc metee , l/Tuu du ppuples différens , 6c dont peut- n’eft originaire ni de cette île , ni des Grecs qui l’ont conquife , inflmite & rendue célébré. Un horrible ferpent forti d'entre les ruines , vint troubler mon dîner & mes réflexions , 6i me confirma que fon efpèce avoir aujourd’hui l’empire de ce lieu.
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI.
CHAPITRE SECOND.
Théâtre de Ségefle. Route de Trapani. Couvent des Carmes. Mont Erix. Ville de Mottya. Saline. Ville de Marfalla , SC Grotte de la Sibylle de Cumes,
T ....
X ANDIS que j exammois les reftes de tant de j^rands monumens, le jour baiffoit ; il fallut fonger à chercher un alile pour y pafîer la nuit. Je m’éloignai à regret , bien réfoîu de revenir Te lendemain. Je me rendis à Calatafîmi , petite ville fituée à quatre milles de Segeiie. Les chemins qui y condiiifenr étoient horribles , quoiqu’on fût alors à la fin de mai ; ils doivent être bien dangereux en hiver>
Les habitans ne paroifTent pas riches : ils ont prefque autant d’Êglifes que de maifons. Cette ville ell fituée fur une montagne très-haute. On y trouve une des plus jolies Églifes de la Sicile pour Ta dé- coration intérieure ; elle eil en fluc. La dorure la fculpture y font fi adroitement diftribuées fur un fond blanc , qu’il cfi impoifible de voir un enfemble plus agréable : mais il infpire plus de gaieté que de refpefî: ; il femble plus convenable pour une falle de bal , que pour une alTemblée de religion.
Je n avois point de lettres de recommandation pour ce lieu ; je n’y connoiffois perfonne : je cherchai auhafard ceux qui pourroient me donner quelques inftruRions ; je crus qu'un apothicaire feroit ou phy- ficien , ou chimifie , ou naturalifie. Je lui demandai fi le pays renfermoit quelques curiofités naturelles ; il ne put me faire connoître que des bézoards , produRion d’une fontaine voifine 5 il m’en donna plu- fleurs ; ils font durs, calcaires , & formés par couches qui fe féparent diftinRement lorfqu’on brife cette pierre.
Aux approches de la nuit je me rendis dans une obfcure taverne , ou mon domeftique & mes Cam- pieri m’attendoient.
Là , je me trouvai heureux des générofités du gouverneur d’AIcamo ; car on n’y vendoit que du vin; on n’y logeoit pas la nuit. On me gardoit une place dans un fondaco voifin : c’efi une forte d’auberge établie fpécialement pour les chevaux & pour les mules ; on en trouve de telles dans toute la Sicile. Je my rendis apios lauu fouper.
Mes gens s’étoient emparé du meilleur lit , ils me le gardoient avec peine ; il étoit envié de plufieurs voyageurs. Ce lit fi diftingué , fi envié , fi difficile à garder, étoit un banc de pierre dans une écurie, &. derrière la porte de celte écurie on faifoit la cuiline. Des muletiers & d’autres gens de cette efpèce , hom- mes & femmes , apprêtoient eux-mêmes leur repas.
Je me couchai , efpérant en vain que mes fatigues me feroient trouver le fommeil fur la pierre, La joie bruyante des hôtes qui foupoient en chantant , & qui , des excès du vin & de la joie , avoient paffé aux horreurs de la difpute , des injures & des coups , ne me permit pas de fermer l’œil. Enfin tout fe calma ; on fe coucha. Il étoit aflez tard ; on comptoit environ onze heures. Mes gens étoient étendus à terre dans l’écurie auprès de moi. Les hommes ronfloient , les chevaux mangeoient , les mules faifoient retentir les énormes grelots de leur licou.
Je m’endonnis enfin malgré ce tintamarre ; mais voici bien pis. Un fracas honible, des mugiffemens , de grands coups font frémir la maifon , & réveillent tout le monde : mille cris s’élèvent de toutes parts. Un cheval, en voulant fe coucher fur fa litière, s’étoit embarrafle dans Ton licou , au point qu’il couroit rifque de s’étrangler, II fentoit fon péril , il fe débattoit , il s’efforçoii de hennir ; il étoit lui feul la caufe
F
,5 VOYAGE PITTORESQUE
de ce racarme. Les cris du maitie , les injures &. la colère de ceux que le bruit avoir riveiffis, augmen- tèrent encore le bacchanal. Quand l’ordre fut rétabli , quand chacun eut retourné à fon lit ou à fa paide , ne pouvant dormir , je contemplai le tableau pittorefque des hommes &. des bêtes couchés enfcmble, &. pour lit partageant îe même foL
Impatient, je me levai; le foleil ne paroiffolt pas encore , mais on commençoit à difcemer vers quel point du ciel il devoir naître. J éveillai mes gens ; j’écrivis l’iiiftoire de ma nuit , &, m élançant fur mon cheval, je revins à Ségelle.
PLANCHE SEPTIEME.
Théâtre de Ségejle.
Sur le penchant d’une colline . an nord du Temple de cette vide antique , au milieu d’une multinide de débris informes , on voit les relies d’un théâtre. Il regarde l’occident ; il étoit conflruit enpierres de taille.
Ce théâtre y eft repréfenté géométralement dans fon état entier, afin d’en marquer les dimenfions d’une manière plus préclfe , & d’en faire mieux femir les rapports de chaque partie : il paraît avoir été un édifice très-fîmple , fans accelïoires ; il eft parfaitement ifolé.
Ses gradins , BB. fig. n, prefque détruits , font couverts d’herbe , de broffaillcs , de décombres , au travers dcfquelles je mefurai l’étendue de ce théâtre. Il n’a qu’un étage dé gradins ou de fièges depuis ï’orchellre C jufqu’à la partie la plus élevée , où il y a une large galerie A qui en fait tout le tour, & qui n’efl coupée que par deux efcaliers EE qui communiquent de l’orchellre à cette galerie au travers des gradins ; ils aboutilfent à une porte DD , qui eft une iffue pour chaque côté de ce théâtre. Ces deux efea- ïiers ne font pas difpofés régulièrement , l’un étant plus près que I autre d une des extrémités de ce theatre.
C’eft fans doute à la difpofition du lieu au peu de goût qu’on avoit alors pour la fymétrie , qu’il faut attribuer cette difparité.
Ce théâtre eft fondé en plein maffif , immédiatement fur la roche , à l’exception d’une très-petite partie I. à gauche en entrant dans l’orchellre : cette petite partie eft cohftruiie fur des murs faits exprès , & fur lef- quels portent les gradins : auffi cette partie a-t-clle ete détruite la première.
De l’autre côté , à main droite à la face du théâtre , on voit une efpece de petite porte pratiquée ex- près dans le mur. Elle conduit à un vide irrégulier de deux pieds de large &. de dix de profondeur.
Voyei G.
Ce théâtre a trente-deux toifes & trois pieds de large en totalité. II a environ trente-fix pieds de hauteur dans fa partie la plus élevée. Son orcheftre a quinze toifes deux pieds de largeur, Si. dix toifes quatre pieds de profondeur. 4
On arrivoit de plein pied à cet orcheftre par une route F de cinq toifes & demie de large , terminée a ï'oppofé du théâtre par un mur H formé de groffes pierres. Ce mur foutenoit les terres pour rendre le ter- rain égal dans cet endroit, du moins li ne paroît pas qu il ait fervi à un autre ufage.
J’ai fupprimé , en traçant l’élévation géometrale de ce theatre , fig. 2 , la moitié de la partie fupeneure de ce mur H à l’endroit L , afin de laifter voir derrière lui le niveau de l’orcheftre qui eft plus bas , &. auquel il fervoit d’apui ou de parapet.
PLANCHE HUITIEME.
Vue de Vétat aB:üd de ce Théâtre.
Cet objet ne me préfentant plus rien à décrire , je m’en éloignai pour en conftderer I enfembie , & pour le peindre tel qu’il eft. Profitant de la hauteur du terrain Si. de fon heureufe difpofition, j embralTai
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P I A N C H E SEPTIEME.
Théâtre de, Ségejlc.
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Ses gtadlos , BB. fig. a, prévue détrui», font couverts d’herbe , de broflàilfes , de dév(iiulu« . lU • OîfS» iWjwlI:; je. ff-efurai rendue dete theitre. Il n’o <l»’w f-J/ Je' pé*n. >■ 1 1 hig a lUMiwC aie fc*« gaTeiâ'* qm étt fait tour le loor, îequi
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•li.it w eau, pu, . u»eH. p*U fv: ' in rtaiftitHA.*» -■ *lew._
C rS laee thé» i Î-. f f;- li- ...i rfe Seal , & au peu .te pu*! q«'*n >■<« «!■«« Itt» ’l» ' •*■■
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C< làiêâBe cil fondé en p* .tn maffi/.iamtàiiBCenKiit fur la tocirc, b l'escepnon dune rths^peilte partie!. bga-cl*c««Jiramdai:rrorik8«ittiitpeiiü!psnà:c*ioh9ruirvru.dMtaurtfcitsc*pi4a , &furlef- qtirla ivartru* Ica j.vaiCa* rtla.p ,- i ' u-rKB: été déi t ne Ta protm«e.
Dofauvusaifi V-, 'Af -4 ’ ■« H» la>. iaAàiKS.or vjm»u rpéu: dt!i*t;ie jxais prsuqute ca- P» .V-.a :a ront. tfh, iviuluti à à. rtle inw;ul*r ifc dsttt |aei. o„- liaipi & de dur do Joofarnt •i’.
Ce thditK a riCTHi-iua teifia !c «vnls jiida *. fcrÇf nv uitarif f a -a, ,, i, j«da do
'luuteurdun.ii..-«u-.r Irpiu. -bai S.. ,,vitU., ai«uii»..,-e‘.r *uai. d«- t»KCur. Bl dis toil’oa quatre pieds de profondeur.
6n anirori tîe plein pied b cet ori beflrepar une rea« P & là' l{ ctafei h deffâo dr l.-iga , 10011014: l Tooputf ,f» ’Uttro par un mur H lonué de grofTes pteîKi. Ce mur ibuKuojt les tencs pour rendre Jetci. Ii«» vM/"» ‘u.i ardat»:. du moins il ne paroît pas qu’il ait (mii un autre ufage.
d’à, iv;.ttiaad , oo ti sçaltt Télération ghométialc de ce théAirc , fig. a , h moine de la partie fopcncure de « «Ml H i t-jtdmit t„afel de Ixfft* ï,oir detrièie lui le riretu 'de roreiiefttc qui cfl plus bas, & auquel il (avoi.e'ai.'aii ou de paiapet.
PLANCHE H L ï T l E M E.
*
^ Vue de feto oMutl de h Théâtre.
CtT objet ne me prifrraim plus rien b.<Mai« , je m'a» éloignai pour en confidcrcr rcnfemliM , & peur k peindre tel qu'4 cd. PwtitiUM ifc la hauteur du lerraui tu de fon beurtofu «SfpofiDon, j'’t»d'to«àj
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r.» SK ILE, DE MALTE, ET DE LIPAR!. ,,
.fur* J» P 4pài«;TA.rr «mpic, donï^j’avoiU pr« les Æ»m»;'îiî»w i» v«!le, & que je peignis
aîbn (is 'i.' Jq i«>r:wj' ■ ; ce tableau. La ville de Scgcûc étek bâtie cuctc e« <trtiA cdlftccs.
^ ï.-jj»», hautetn^ Ji un éloignement d’environ cou toifcsypiinvii l«-i '.\^iii,onappei:çoit des
j.'î' .«« OUI ent été vraifirntbla Wement des rcfcn-es «reçu , ou des- f /vrs, ! • v •• lent im p-titio
,v: du Ibnddè ce» caves, refuges dcfeTvïcns.ît. de touît.' - i*- .• des
inuiFoiis 8c des arbres.
On reaconrrede tous côtes des porrions de ... k- u ùe longueur n indique axKun édiii re
impGTiîUît. Tous ces dcbii» portent bkia î - ' . d‘nw cï.vew vetufté.
Aucun gros mur ne dctcen>mc fetînduo bi.rtp snarquc l’enctintc de fctte viHc^ Elle aboutÜTuif r.i nord 8c au levant b des précipices eicarpés , q^it ne lui pemtenruiunt pna de s’étendre plus loin : le toi qui la poTo'it CP -J v. , darss-ecs endroits , cdTc touc-4-coup , St l'cmblc laUicc à pic. Scs débris ac-
tendeju . a j.-*u & nti rou\banc. J * conlîdérai long-temp* avec doodeur cca irifies relies du.v,
ville qui eut aiitr^lois ram de JpkiKk Ji .
On ne connoît pas plus fon origine que celle de la plupart des villes antiques. Les habirans du pa)*» Tarrnbuent i Énée j mws Énée & Hcrode font deux homme» à qui les Sicilien* Te placent à rapp'jxrer U ..-r ,14. Ifu,-*:. vi.^L» , qoiT-iqi'v Ksn du Crliqucs C.K*t^!r >1-: v.
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I Vf’ V' î . .0 4k IOU.V les a.*«d« la terre, & fur-tout dn»
pcr.iw wcv.'.ortquv jii .i£ k,;u J . . ;• i ,;r,.ndc> puilkmces. Lc»‘Ség-li»m» «umr
vanreu* , 8t pcti'rent une panre dt leurs tiwmp» t ds «ppdcrcnt à leur lecouri les Agrigentains , les by- racuCâns, le^Carrfia^nois, qui lous refusèrent dc;‘f« mcler de cette querelle. Le» Ségeflains cJicrcfièrciu des fccours hors de l‘üc ; ils s adrjfsèrcnr aux Athéniens, dont l<* girnic & rambitiôn leur «itoient connu*.
Omtc ‘ncurium ért Aihc; ’tiKfo (i-’fcùi v -k cu.u.ls5 iniikaa» de L-î ..k . & le» '•■ttij; / i
r;. .i'.3 “'Il .1 -i-'i», v*i Ji. iiv-Mfv.n.,fc de ir
. ..-'Hîr-ajrmpéo'^-fuîhcf^irïrAûniballUsdeGirconjiunvau-Carthagc.raitg-jmûon- s i S. , fk owrcVr’k- , il nik le heg ; devant Sclinunie.
Séji*; iu tu: A-UJ» l;i fuite priCe & piilsc p*!r AgatîiocL ; d rendit même iinc pardi’. de fes lubiians, fclon les iilbges de randqtiitc.
. Ségdb UC connut la paix, que quand la Siciîc Cit fotimHc jux Komains. I^cs HiAodens de la Sicifo ri' Ju que '■fK f,p.- . • r; iftrc . 'OJ * de Rr-i*-,- ^ v' - cile. AutAot
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Quc^uesflîx^csapè»,împtétépClUTVénu$jk^rngagea^\pf«u^flln}ît;«V•..f■i h:-. ... . de rehirir le leinplc que ciuc péetfc avoit eu fut le mont Er* Ib tui i px» /.'■ bfcrvcr dan»
leur T»'q’ji q\»f - eût; viBo dTnx luük , comme cu\ , k>r» orî^' lU* ■ iu pKo' v i .• «I» üi Vi-nur • O |.,i -i,«5,'..oKfV<i Ji T^biru ujlit le 'i.rr ;• ,
pkT*ih..i rà,pei .nMp»- •• ;«« I /ber»i etoii be^iili & gcntlnj d’Au<;ale, è-^>ys-: y^rd .1. *.
Lifamrlli*V.i;i,»n i»-xj . hhiviI k'j r; t»- ü: pr.» ’jjic f^ncakry.ir »«roaw::Ublc,.r‘''^ , i .• - 1 _
Vénuk i îarl*>ti 4|.iid«v'e«t ;vi., vu ».u. *• î • Jalfec , U d'in v jad p*»«ca a i* yt> -du
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI.
d’un coup d’œiî & ce théâtre & le temple , donf j’avois pris les dimenfîons la veille , & que je peignis alors dans le lointain de ce tableau. La ville de Ségefte étoit Bâtie entre ces deux édifices.
A la droite de cette hauteur, k un éloignement d’environ cent toifes , parmi les débris , on apperçoit des grottes qui ont été vraifemblablement des réferves d’eau , ou des caves : leurs voûtes font en partie crevées ; & du fond de ces caves , refuges de ferpens & de toutes fortes de reptiles , on voit s’élever des buiflbns & des arbres.
On rencontre de tous côtés des portions de murailles , dont le peu de longueur n’indique aucun édifice important. Tous ces débris portent bien le caraftère d’une extrême vétuflé.
Aucun gros mur ne détermine î’étendue & ne marque l’enceinte de cette vide. Elle aboutiffoit au nord & au levant à des précipices efcarpés , qui ne lui permettoicnt pas de s’étendre plus loin : îe fol qui la ponoit eft une roche qui , dans ces endroits , cefle tout-à-coup , & femble taillée à pic. Ses débris s’é- tendent davantage au midi &. au couchant. Je confîdérai long-temps avec douleur ces trifles reftes d’une ville qui eut autrefois tant de fplendeur.
On ne connoît pas plus fon origine que celle de la plupart des villes antiques. Les habitans du pays l’attribuent à Énée ; mais Énée & Hercule font deux hommes à qui les Siciliens fe plaifent à rapporter la fondation de leurs villes , quoique bien des Critiques doutent qu’Hercule ou Énée y foieiit jamais venus.
Lorfque Selinunte étoit une ville libre , &. que Ségefte l’étoit auffi , elles fe haïrent 5c fe combattirent ; chacune vouloir envahir le tenitoire de l’autre. C’efl rhidoire de tous les états de la terre , & fur-tout des petites républiques , lorfqu’elles ne font point contenues par de grandes puilïances. Les Ségeftains furent vaincus , 6c perdirent une partie de leurs champs : ils appelèrent à leur fecours les Agrigentains , les Sy- raeufains , les Carthaginois , qui tous refusèrent de fe mêler de cette querelle. Les Ségeftains cherchèrent des fecours hors de l’île ; ils s’adrefsèrent aux Athéniens , dont le génie 8c l’ambition leur étoient connus.
Cette incurfion des Athéniens fît détefter les Ségeftains Je tous les habitans de la Sicile , 6c les vengea fî: maldesSclinmiLiiis, quapits vnavuii JcnuuvcauA o,.frages; ils furent obligés de s’adrelTer aux
Carthaginois. Ils en reçurent alors des fecours ; Annibal fils de Gifeon , arriva de Carthage , mit garnifon dans Ségefte ; & , maître de cette ville , il mit le fiège devant Selinunte.
Ségeüe fut dans la fuite prife 6c pillée par Agathocle : il vendit même une partie de fes habitans , félon les ufages de l’antiquité.
Ségefte ne connut la paix , que quand la Sicile fut foumife aux Romains. Les Hiftoriens de la Sicile ont dit que cette ville , toujours libre , fut feulement l’amie de Rome , 6c confédérée avec elle. Autant en difoient tous les peuples de l’Italie qu’elle appeloit fes alliés , 6c qui n’etoient que fes fujets.
Quand la puilïance des Romains fut déiruiic , Je nouvelles guerres ravagèrent cette ville , les Sarra- zins la réduifirent en cendres , 6c la mirent à peu près dans l’état où nous l’avons décrite.
Deux Divinités , dont le culte étoit fon oppofé , furent particulièrement adorées des Ségeftains : c es deux Divinités font Diane 6c Vénus. La ftatue de Diane étoit coloflale , d’un travail admirable , s’il en faut croire Cicéron ; elle avoir l’air 6c le maintien d’une Vierge ; elle portoit un carquois fur fes épaules, un arc dans fa main droite. Les Canhaginois enlevèrent cette ftatue. Scipion, après la prife de Cartilage, la rendit aux Ségeftains.
Quelques fiècles après, leur piété pour Vénus les engagea à prier l’Empereur Tybère 'de leur permettre de rebâtir le Temple que cette DéelTe avoir eu fur le mont Erix. Ils ne manquèrent pas d’obfcrver dans leur requete, que cette ville d’Enx tiroit , comme eux , fon origine du pieux Énée fils de Vénus 5c d Anchife. Ils auroient pu même obferver à Tybère qu’ils avoient l’honneur de lui être parens , au moins par alliance 8c par adoption: car Tybère étoit beau-fils 6c gendre d’Augufte , adopté par Jule Céfar, dont la famille defeendoit , comme il le prouvoit par une généalogie inconteftable , d’Énée , 8c par conléquent de Venus ; railon qui devoir toucher infînimeht Tybère, 6c être d’un grand poids auprès du Sénat.
,4 VOYAGE PITTORESQUE
Mais pour dire quelque chofe de plus fatisÉaifant que cés fables , fondées fur la vanité & fur rignorancc , ou que ces détails de petits faits biftoriques, mal débrouillés par les hiftoriens anciens & par les commen- tateurs modernes , obfervons que la Sicile étant très-ferrile , &, fe trouvant fur la route de tous les navi- gateurs Grecs , Phéniciens , Égyptiens , qui alloient d’orient dans l’occident , & fur celle de tous les na- vigateurs de Marfeille , de Carthage , de Rome , qui paffoient d’occident en orient , il étoit impoflible qu’ils ne fe la difputaflent pas.
La feule habitation qu’il y ait maintenant auprès des ruines de Ségefte , eft une métairie : fy voyois entrer & forrir de temps en temps quelques hommes qui paroilïbient contens de leur fort , & qui , en- tourés de débris , ne fongeoient qu’à jouir du préfent , fans s’inquiéter des révolutions que le temps amène, & qui placent aujourd’hui leur chaumière fur le même fol où s’élevoient jadis tant de palais , & de temples , Sc de cirques , Sc de théâtres.
Je les félicitois de leur obfcuritc, de leur ignorance, de la paix dont ils paroiffoient jouir, de la beauté du climat qu’ils habitent , & de l’afpeâ enchanteur des belles campagnes que leurs yeux & les miens découvroient de ce lieu élevé.
Ces campagnes, en s’étendant vers le couchant, defeendent par une pente infenfible jufques au golfe de Caftellamare , éloigné d’environ deux lieues. II eft formé par de hautes montagnes rangées en fer à cheval ; la mer qu’on apperçoit entr’elles , & qui femble fe perdre dans l’iramenfité du ciel , termine de la manière la plus majeftueufe le magnifique tableau de ce beau payfage.
Tandis que je m’abandonnois au plaifir d’admirer les richeffes de la nature , mes gens préparoient tout pour le départ. On m’avenit quand tout fut prêt ; & le delir de voir de nouvelles chofes m’arracha fans peine au charme que j’éprouvois ; je montai à cheval , pris la route de Trapani.
Route de Trapani Couvent des Carmes.
î-a route eft bordée d’aloès: c’eft un vm^L, vnigi-Liui-j Jv i.qul, &.inémc quelquefois de
trente : à fon fommet font des branches qui s’étendent horizontalement. Les premières font les plus lon- gues; elles fe racourcilTent en fe rapprochant du fommet; chacune d’elles eft terminée par une houppe de fleurs. Pour les bien faire connoitre , j’ai defliné plufteurs de ces arbres. Ils font très-ftéquens en s’ap- prochant de Trapani : j’en donnerai dans la fuite une defeription particulière.
Trapani eft une ville de guene où il y a gamifon. Elle eft au bord de la mer , a deux milles du mont Erix , qu’on appelle aujottrd’hui de S. Julien; parce qu’autrefois le Comte Ruggieri , en combattant les Maures , fut fccouru par S. Julien , comme Romulus le lut par Jupiter, & vainquit , comme lui , par fon fecours , les ennemis qu’il combattoit.
Au pied de cette montagne eft le couvent des Carmes , polTelfeur de cette fameufe ftatue de la Fierge du Trapani, honorée dans toute la Sicile par les miracles quelle fait.
Près de cette ville , au bord de la mer , il y a de grandes falines. L’eau en s’évaporant forme le fel : je rendrai compte de cette manutention.
Cette ville eft bien fortifiée , c’eft-à-dire, bien murée. M. Marot notre Vice-ConfuI , me fit con- noître tous les gens inftruits qu’elle renferme. Le Prince Couteau me fit conduire aux principales Églifes ; elles font revêtues de très-beaux marbres , fur-tout celles des Jéfuites. Il me donna des lettres pour la fuite de mon voyage.
Le nombre des prêtres & des moines eft dans une proportion ridicule avec celui des autres habitans , dontilsabforbentia fortune, foitengros, foit en détail. Lorfque j’y étois, on y bâtiftbit encore une Églife confidérable. On m’alTura qu’il y en avoir déjà quarante-deux, & on n’y compte pas quinze mille âmes.
Il y a bien quelques artiftes qui auroient du mérite , s’ils avoient de l’étude , &. fi le goût etoit cultive dans cette ville. J’y ai vu un Sculpteur qui avoit employé fept ans quatre mois & quelques jours a faire
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. 15
en ivoire un S. Michel , qui eft accompagné Je deux petits anges , 6t qui fouie fous fes pieds deux diatles qui fout groupés enfemWe. II a , par un travad prodigieux , imité la nature jufque dans les plus petits dé- tails ; on compteroit les cheveux : c eft fon chef-d’œuvre , mais ce n’eft pas une belle chofe : l’artifte a du talent , mais il manque de goût , de modèles St d’exercice. Je vis encore chez un autre Sculpteur de fublimes bagatelles, qui font regretter que tant de talens avortent fans fe développer. Ce n’eft pas Ta nature qui manque à l’homme , c’cft rinftruélion , l’éducation , l’émulation ; mais cela ne fe trouve que dans les pays riches & peuplés : la Sicile l’étoit autrefois.
' II y a dans les Églifes Je Trapani quelques bons tableaux , entre autres un S. Grégoire peint par Vito d’Anna.
Jen’aivupourtoute antiquité que deuxtétes de lions qui décorent une fontaine ; elles font très-mutilées.
II falloir bien aller voir la Madonne des Carmes , par laquelle on jure avec autant de vénération St de crainte, que ce meme peuple juroit autrefois par le Styx.
Ce ne fut pas fans peine que j’obtins de la voir : après bien des formalités , un Carme eu rochet & en étole arriva, fuivi d’un frère , tous deux d’un air compofé : le frère alluma des cierges , fit maints geftes, agita une petite fonnctte qu’d avoir à la main, pour avertir le public qui n’y étoit pas , car j’étois feul, queIaMadonne,aIIoit être découverte : il tira enfuite un rideau de damas, puis un de gaze. Alors je vis une ftatue de marbre, grande comme nature , tenant un enfant dans fes bras ; ouvrage d’une compofition froide St d’un travail très-fini : les draperies font affez bien imitées. Elle a été faite par Guagini , fculpteur qui a rempli Palerme & la Sicile de fes produélions. Cette Madonne St le petit enfant Jefus ont chacun une groiTe couronne d’argent , de beaux colliers à plulieurs rangs , & des rubans St des bracelets ; grâces à ces ornemens , ils paroiflent magnifiques à la ftupide ignorance. Dès qu’ils furent découverts , les deux moines chantèrent une antienne , St enfuite ils me firent voir la Vierge dans tous les fens.
Je montai delà au fommet du mont S. Julien , où fut jadis l’ancienne Drepanum , aujourd’hui petite St miférable ville. On croit y voir un foubafi'emciit du fumeux temple Je Vénus Ericine; ce n’eft qu’une portion d’im mur vraimput anriqnr-, qiù fnnripnt dpc rprrpc vers un angle de rochcr. On montre avec foin dons la cour du château une citerne fans eau , qu’on dit être le puits de
Le Baron Hernandès , pour qui le Prince Couteau m’avoit donné des lettres , me fit conduire par- tout , me montra des vafes , des médailles , St d’autres bagatelles antiques. II me donna des olives de plomb , qu’il avoit trouvées en terre autour de la ville avec des monnoies. Ces olives , qu’on croit avoir été lancées avec des frondes, font grofles comme des noyaux de pêche.
On voit encore dans cette ville des fragmens de colonnes , St d’antiques inferiptions que Gruter Sc * quelques autres favans ont recueillies. La plupart font très-effacécs.
Le Baron de Keidzel allure que les teiumes Je v_cuc ville fum plus Li^ITcs ^ue les autres Sielliennes. Je ïe félicite d’avoir pu en juger ; mais je ne les ai trouvées nulle part auffi rares , aufii difficiles à entrevoir. Quoique dans tous les pays méridionaux les femmes vivent retirées , il femble que dans cette ville de
5. Julien elles foient abfolument féqueftrées : elles appréhendent fur-tout la rencontre des étrangers ; on a pris foin de leur en faire la plus grande peur , de forte qu’elles paroilîent plutôt les fuir que les éviter.
Un curieux me fit part , avec une tendre effufîon de cœur , de deux grands avantages dont jouiffent les habitans de cette ville de S. Julien, par la proteélion fpéciale de la Madonne de Trapani : favoir , que le tonnerre n’y tombe jamais , & que les voleurs n’y viennent point. Je fiis frappé foudain de l’authenticité du miracle ; car cette ville étant bâtie fur la cime d’une montagne très-élevée , les lourds nuages où le forme le tonnerre font toujours au deffous d’elle ; & plus l’orage eft violent dans la plaine , plus le ciel eft ferein fur la ville. Ses habitans font fi pauvres , qu’il n’y a que les moines feuls qui puiilent parvenir à en obtenir quelque chofe , encore faut-il qu’ils les prêchent long-temps.
Sur la cime de cette montagne , dans les trous des rochers les plus efearpés, des pigeons fe font logés,
6. fe font exceffivement multipliés. Comme ces oifeaux étoient confacrés à Vénus , dont le temple étoit
G
VOYAGE PITTORESQUE fur cette montagne , il fut un temps où les Siciliens s’imaginèrent qu’ils dévoient les détruire comme un leftc du paganifjTie ; ils leur firent une chaffe furieufe : leur pofition les garantit de cette perfécution fa- natique. Alors on les exorcifa comme fuppôts du diable. L’exorcifme ne fut point efficace , & les pigeons continuèrent toujours à habiter , à peupler, à embellir ces demeures agreftes , ne foupçonnant pas plus les malcdiftions des Chrétiens , qu’ils n’avoient conçu les adorations des Payens.
C’eft un fingulier fpeftacle que de voir les nuages en defîus , & d’appercevoir la terre au travers des intervalles mobiles qu’ils lailfent entre eux. Ces nuages ont l’air d’un océan glacé qui s’étend jufqu’à l’ho- rizon : la terre qu’on apperçoit de place en place relTemblc à des îles fubmergées & contenues entre des glaçons. Je jouis long-temps de ce coup d’œil. Je redefeendis la montagne en perçant ces nuages ; je me trouvai dans un épais brouillard ; & dès qu’il fut traverfé , je retrouvai le fuperbe fpeftacle des cam- pagnes •. il fembloit que j’arrivois dans un autre univers.
Je revins palïer la nuitàTrapani.Ce pays produit des pierres & des marbres très curieux. Nous penfons que ceux qu’on trouve au bord de la mer, à l’occident de cette ville , fatisferont beaucoup le voyageur qui aura la curiofité d’aller les voir.
Un Naturalifte doit parcourir ce pays ; il y trouvera des curiofités naturelles très-intéreffantes , foit dans le voilinage de la ville , foit dans fes campagnes , foit dans la mer qui en baigne les bords , & qui environne les îles de Maretimo, de Lavanzo £c de Favognana. II trouvera des coraux en branches & en morceaux irréguliers ; avec les troncs de ces branches on fait toutes fortes d’ouvrages de fculpture en bas-relief 5c en ronde-bolTe.
Les habitans de Trapani font très-experts dans la pêche du corail ; ils l’exercent noa-feulement au- tour de la Sicile 5c des îles voilines , mais ils fe hafardent jufque fur les cotes d’Afrique. Leur grand commerce fc fait avec Livourne , où l’on met en œuvre le corail.
On trouve aufli fur ces rivages cette coquille qu’on appelle Came. Elle efl de deux ou trois pouces de diamètre , êc d’une épaiffeur de deux ou trois lignes. Elle eft couverte communément d’une moufle femblable à un très-beau velours verd cravatlle dans ocuc viiit , un uu rak peuts bas-reliefs ,
qu on porte en bagues ou en bracelets. C’eib du nom de cette coquille 8c de l’ufage qui s’en fait , qu’on a donné le nom de camée à ces agatlies ou à ces compofitions de deux couleurs, fur lefquelles oii grave des têtes ou des fujets dans le goût de l’antique. On en fait beaucoup dans cette ville.
Départ de Trapani
Je partis de Trapani avec l’aurore par le plus beau temps. A quelques milles en mer j’apperçus les îles f
de MaretiJTJO, <Io Favognann 8c Lavant/-» ^ m'i fnnr fp<! prifnnnicrB d «tût St Icb crmimcls qu on ne veut
pas punir félon les lois , comme le peuple.
Le port 5c la continuité du rivage qui fe perd dans le lointain vers le midi où eft Marfalla , offre dans fon étendue le tableau le plus intérefïant par la variété des objets. On palfe près du champ d’HercuIe , lieu où l’on croit encore aujourd’hui qu’HercuIe lutta contre Erix, 8c gagna un royaume , en tuant ce Monarque qui avoit fait de fes états le prix de la viftoire.
Je quittai la route de Marfalla, afin d’aller voir l’île de S. Pantaleo, où l’on prétend qu’HercuIc bâtit la ville de Mottya , ville qui a depuis appartenu aux Carthaginois , 6c que les Sarrafins ont détruite.
Cette île , qui n’efl éloignée que d’un demi-mille du rivage de la Sicile , efl à huit milles de Marfalla , 6c à fix ou fept de Trapani. Elle a deux milles de tour. On y voit encore des portions confidérables des murs de l’ancienne ville de Mottva. Une partie de ces murs confilloit en des efpèces de baftions qui dé- fendoient le midi de cette île. J’en ai deffmé un qui avoit trente - cinq pieds de face à l’orient , vingt- quatre au midi , 6c douze au couchant ; il paroît que ces murs interrompus aujourd'hui, étoient autrefois contigus 5c faifoient le tour de file.
i'E DE MALTE, ET DE LtPARÎ.
1 F. M
Vue. du icjh (ks murs ’ie Mottya.
J'ii rcppjfentélapartiqfapluj conli(ttiailo<pji aiic cncoRi de cettq ville. CefontdciK ^ul!lo^s dont a trente pieds, & donc les flan» en ont d«-h ah. Il* sVii "cnt à roccidem de Hic : i! y a entre e\ix une ouvtnrjtiv- de \Tngf-<juatre pieds, qm fcmWe «*'<»>'• été um* d« p«inc* dô là Wlle, A gauche de ce* . bailioho, 1 ' rivage qui "aik. vers L nord» cciulv*:; i ür. r:.'C bain’ nrk^j^K. Jt quatre- vingr-hujt toif.'* ; il a^vingC-c^ta’^.- pi.tLdi.' ûir\: ;&ibn fiant qui regarde Tonem, fai atrem^oaq. Ce iicucc»! rcxcrcoùic delà ville. la54üerR«vw)'-s: pprfqj.'c svfpud Je.; MU';..
fin i '«•. it iiu'. r-Tirr, cù . (twt -apor^j d-. '' l>m q ftune pcriwl.mgtte de terre A; elle va [om- drê à cent t<>ÎKÆ delà uza au.iij pi-' t iiay ':ftv i -ai aujourd’hui maiscUoaéic ■ ultivce & ptypiéc autrefois. '
On vouve à Torient de Tilc S. Panulco des fragn:icns de tuiles, de canaux, de vaft*, de tout» «O terre euhe. . '
h*'.fi'3 «-Hî'rt p*rc*jeini le» rives de ccidtux îlrh . jt U Mjure <k . .a»* tyti". <T. vr>^cr,
fr * -!fc. .■> {àfioe* qu*3 y ai* -wSi de. i»'*y St je U JrAmW»
M
Saline^
Cette falme eft fitucc entre Maifaîla 5t Trapani , vis-S-vis nie de S. Pantcleo. C*eft un bajTm quarté de trois cents loîfes de long, fur deux ccnr? cinquante de laige ou tnviron. II ffl divifé en plufieurs caics, flg. a.
On f.»îi d’ïJjord entrer Tcau da its la cafe la plus grande de toutes A , qui s'appelle la frpidc , oa la mite : V *xuve ptfî un*- vimit, tcfl<t que la mer la donuv, “• p<«i les
v ;f*L *are A, Car eSr cmnmencc a s*cvaj)orer ,on.U fait palkn par C dans une fécondé B,quî«fl 2t qu*ou appelle In tredyiu, moins fhiîde. On Fy laifie fe diirimier par
Fèvaporation environ quinze jours. Alors on la^fàit palier par D dans la rccaudi ou redeCauda E , c’eft-à- difc, la tiède ; U cette caudt ji trÜKhsrgcc de fcl s«vpporcciKorc,it üc Dite toujours plus en dftninuant qjain’.i* : dei* on.?* di.-^ fiui\ oud»écôppv* dMi»la c-ive carrée 1', iFoù ellepRlfe dans la
• . .uii » tu ■« C ktudf , q*.-. v'i tü- U r». j>*u i ; •' i •'éu>ido iL-ûS Iw trèw:h«udc M j
•c*- .;:Uu vlan# l.S K ,'t«i Jk* dciv*:4. ikor pMUC» d.: k* ;:iiwiTwt'; cinq jxmce* dVau, L*eau ne roule pJw ntunéJutnnt -. ..-k j ,.u .j.-r. .: 1 ;j 1 1 en. souvrum U laiir<:m ^vouLer
d V- . qi-t if» M • • il tVn ïxut pF'**k: ic lî-Bvîe*.
(in .U* c* {J, oo en fj« mjuî».» pyvunuc d«-a ; i-o l'- 'l*. * t|< i; à F.ur liriTs de b* faime • »l y une : fréî : d fof-«rmrdelTus une crotuc qtiiconfcrvcîe dedans t on le fait moudre fous une grande tri'fjv aletnMît autour d’un jHVOt, puis ou le crtfale comme du fiblc donr on veut tirer le: p' -rres; d.‘‘ns cet état il p>lTe datia iw commerce : les vaülc.nux vienrfp* »’sn vhirg-îr à celte plage pow lc$pu)> étr.ugerx. . -
M'.’.rfalla.
AfumisF .^ct1tc grande faillie cilla ville d^^ta^^aHa. C’eO Fanciem)rLHif*éc. Dî ■’Atrt*s^ri:iu'»W: on croit’cu'tîi-.: a t<c fondée £<}'anc ia guerre de Troye , & qu’Enée y atxuda lorfqc **nr pv«r; vu Italie fesdi. u* 5s i;j iàmiilc. On lui avoit donne le nom de lilibéc,parc; qu’clk -hoit on -c * . Xj- • On ccj«npte parmi les liabùar.s dont s’honore cette ville la Sibylle de Cornes, qm ■vivop su n.»m ' d’Enéc, s'il en faut croire Vii^lîc, fit qui vint inoUrtr àlâiibéc . s'il c’i fautaoinîxJyi & î.. dofj;.
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI.
PLANCHE NEUVIEME.
Vue du rejle des murs de Mottya.
J’ai repréfcnté la partie ïa plus confidéraBIe qui refte encore de cette ville. Ce font deux Baftions dont la face a trente pieds, &. dont les iîancs en ont dix-huit. Ils s’élèvent à l’occident de i’ile : il y a entre eux une ouverture de vingt-quatre pieds , qui femble avoir été une des portes de la ville. A gauche de ces Basions, le rivage qui fuit vers le nord, conduit à un autre Baftion éloigné de quatre-vingt-huit toifes ; il a vingt-quatre pieds de face ; & fon flanc qui regarde l’orient, en a trente-cinq. Ce lieu étoit l’extrémité de la ville. La mer s’avance prefque au pied des murs.
En face de cette ouverture, où étoit la porte de Mottya, cfl une petite langue de terre A ; elle va join- dre à cent toifes delà une autre petite île. II n’y refte rien aujourd’hui ; mais elle a été cultivée &. peuplée autrefois.
On trouve à l’orient de l’île S. Pantaleo des fragmens de tuiles , de canaux , de vafes , de toutes fortes d’ouvrages en terre cuite.
Après avoir parcouru les rives de ces deux îles , je repris îa route de Marfalla : mais avant d’y arriver, je rencontrai l’une des plus grandes falines qu’il y ait en Sicile. Je m’y arrêtai , je la deflinai.
h
Saline,
Cette faîine eft fituée entre Marfalla &. Trapani , vis-à-vis file de S. Pantaleo. C’eft un Baflin quatre de trois cents toifes de long , fur deux cents cinquante de large ou environ. Il eft divifé en plufieurs cafés , fig. 2.
On fait d’aBord entrer l’eau dans la café la plus grande de toutes A , qui s'appelle la froide , ou la mère ; l’eau y entre par une vanne, telle que la mer la donne , fUua --- par les
rayons du foleil. De cette care A, ou elle commence à s’évaporer, on la faitpaflcr par C dans une fécondé B , qui eft un peu moins grande , & qu’on appelle la fredotta , moins froide. On l’y laifl'e fe diminuer par l'évaporation environ quinze jours. Alors on la fait paflèr par D dans la recauda ou redecauda E , c’eft-à- dire , la tiède ; là cette eau déjà très-chargée de fcl s’évapore encore , & fe fale toujours plus en dflninuant de quantité : delà on îa jette avec des féaux ou des écoppes dans la cuve carrée F , d’où elle pafte dans la calda , ou la café chaude , qui eft divifée en plufieurs cafés GG ; delà elle s’écoule dans la très-chaude H ; & enfin dans les falines K , où elle dépofe deux pouces de fcl environ pour cinq pouces d’eau. L’eau ne coule pas immédiatement d’une café dans une autre. Les vannes II en s’ouvrant la laiffent épancher dans des canaux , qui la conduifent dans la café où l’on veut quelle fe rende.
On prend ce fel, on en fait des mafles pyramidales ; on le laiffe expofé à l’air hors de la faîine : il y refte une année : il fe forme deffus une croûte qui conferve le dedans : on le fait moudre fous une grande roue qui tourne verticalement autour d’un pivot, puis on le criBIe comme du fable dont on veut tirer les pierres ; dans cet état il paffe dans le commerce ; les vaiffeaux viennent s’en cliargcr à cette plage pour les pays étrangers.
Marfalla.
A fix milles de cette grande faîine eft la ville de Marfalla. C’eft l’ancienne LiliBée. Elle eft très-antique; on croit qu’elle a été fondée avant la guerre de Troye , & qu’Énée y aborda lorfqu’il vint porter en Italie fes dieux &, fa famille. On lui avoit donné le nom de Lilibéc, parce qu’elle étoit en face de la LyBie.
On compte parmi les habitans dont s’honore cette ville la Sibylle de Cumes , qui vivoit au temps d’Énée , s’il en faut croire Virgile , St qui vint mourir à LiliBée , s’il en faut croire Solin St Ifidore.
ig VOYAGE PITTORESQUE
Cette ville fut la capitale des provinces que les Carthaginois poflcdèrent dans la Sicile : elle le fut en- fuite de celles que leur enlevèrent les Romains au midi de cette île.
Ce font les Sarrafins qui changèrent fon nom de LiliBce en celui de Marfalla qu’elle porte aujourd'hui, ou plutôt de Marza-alla ; ce qui vouloir dire dans leur langue Port de Dieu. La ville & le port eurent quelque temps un nom différent ; mais enfin le nom fanalln l’emporta fur le grec , 6c s’étendit à l’un 6c à l’autre.
Elle eft fituée fur un cap qui s’appeloit autrefois Lilibée , du nom de cette ville , mais qui a changé ce Beau nom en celui dl capo de Bove , tête du Bœuf. Ce promontoire étoit en face de Carthage , 8c regarde aujourd’hui Tunis, Bâtie non loin des ruines de cette répuBIique. Ce promontoire n’en eft éloigné que de cent vhigt-fept imlles.
PLANCHE DIXIEME.
Vue du Pont antique de Lilibée.
Cette ville étoit quadrangulaire : elle avoit trois Bouîevarts très-forts , qui regardoient le nord , l’orient 8c l’occident ; la mer la défendoit au midi : dans chacun de ces Bouîevarts il y avoir une porte. Amfi , dès le temps des Grecs elle étoit très-fortifiée. On y arrivoit par un pont , dont les deux portées fubfiftent encore. II traverfoit un folTé qui avoit plus de cent pieds de large , 6c plus de quatre-vingt de profondeur. Ce foiré étoit creufé dans le rocher , 6c le pont qui le traverfoit étoit un morceau de rocher qu’on avoit îailTé fuBftfter , 6c qu’on avoit percé pardelîous. Les grolfes pienes qu’on voit encore d.ans ce folfé ont dû former l’arc de ce pont. Ce folTé a été en partie comblé par des débris dans les différens fieges que cette ville a foutenus. Ce foiïé eft aujourd'hui un p.aturage. Voilà pourquoi j’ai reprefente dans ce tableau les fcènes champêtres qui s’y paffent journellement.
Après avoir franchi ce foiïé , il falloit parcourir quelques coifcs pour arriver à la porte de la ville. On voit encore plufieurs alllles A du pied-droil de . fnrmf>(='c d»' fr/>c-/'nnn-npo prprrf's; <Tf- pimilillgue.
Il y a aufft des relies confidérables de baftions 6c de murs conftruirs de cette même pierre. On les voit à deux pas de cette porte , en tournant à gauche.
J’ai r^réfenté, figure i , plufieurs morceaux antiques épars dans Marfalla. Une tête de lion fort mu- tilée A. Elle eft incruftée dans le mur d’une Églife. Cette tête s’appelle , on ne fait pas pourquoi , la Bouche de vérité. Une tête de femme B en terre cuite. Elle a été trouvée dans les ruines de Mottya : les trous qu’on y a repréfentés marquent qu’elle s’attachoit avec des cordons. Une tête d’EfniLpp en marbre. Une tête de femme auffi en marbre D.
Ces trois derniers morceaux m’ont été communiqués par M. le Comte de Grignani, de la ville de de Marfalla. Les médailles qu’on voit , figure i , autour de ces morceaux , font d’anciennes monnoies des villes de Ségefte , de Mottya, de Drépanum 6c de Lilibée. J’ai gravé les plus fingulièrcs de chacune de ces villes.
PLANCHE ONZIEME.
Vajè en marbre.
On voit dans le palais du Comte de Grignani un très-beau vafe de marbre blanc, orné de belles anfes, 6c d’un feuillage qui l’embralïe. J’en ai fait un defïïn.
Ce vafe a été trouvé dans un tombeau près de Marfalla. II avoit pour couvercle fon propre pied, tel qu’on le voit figure i j il renfermoit des cendres.
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T>E SîvU-ï:, de MALTE, ET DE LlPARf. lÿ
On !e coniove a»c<«. trHHr-tK m Ta trouve, recoureit4Jcfon piei A, &iî»(H>irc^curs croient qu’o- n^naxrcmrat H a «é teiiîé aiafK.
Ds J ont r*r ajouter un pi^ ifc ni wai$ goût , teï qu on peut le t'oir en B. Je Tai rc|.'tfcit.ui« Ju • Jii de l'anfc, pour faire comiolire cette befle partie , ta plus imtrclîancc du vafe ; pour quon le connoiffe fous toutes fes teccs, je fai dcfTmé , dans la figure ièce-nde C , par le tpu eft entre le» aoks. Dans cette fig’.trc j’aî remis fous lui fon pied , dont ceux qui s*en fervirent pour faire une urne ci- niratre , avoient fait fon couvercle,.. Ainfi , dans cet» lècondo figure , J el^. c-.d ipit m'uii'îgiuc qu’iî fordc d<» mains deTardile; car jamais H oVpu circcohlVuit telqu‘'cn le v-«ii aujourd'hui.
Cevafo efi d’un alMtrc fi oranfparent , qu’U fembîe de porce»»nf ■ afic£fo>t*oa de te montra a% cc une boog9t ji!umé« .mi dedans.
La fig. 3 reprefeme-un vafe grec , fait k Î'inutaîion d*u^ « • v ; it cft d'un tr^hon ^jit ,
quoiqu'il ne foit quVn terre cuite. Uuc tcic de foinme , d lœc hcfic c> ccution , cfi peinte dufius.
figure 4 efi une tête de*SiIcme en macbte , d'un affes Bon goût pour mcritcr qu’on la re- marque.
Une focoupe en terre cifite, du; le genre des vafes érruf^Mt:-, uvant un pied 9n deiu anies, efi ftpréîVntéc dsnilit ^•figure ton me U fit rtiriarqucr cojatncur»eciu>fe extraordinaire. Ü cfiiirc encifet (fwifi Bien corût^yÿe.
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Jôrfqu'on ibune u<it < loche qui -d tout en Bsui ; cet iiomrc! >A ; p:>ur IcmUu. •cir,
je fixai pcrpendxulatrêmcm b pointe de mon ép^ dans les jo-oj? d? ftappui vJw Ic.iô e* ; »u mouve- ment que produift U eïoehe en fonnant , mou épee dvcrH’ii une po.'tà» de cerdc de pi js de huit pmec*. Cei bonnes gem trcs-iguarcs crob.-rc cc clocher Ban furun gloÏK. Je tâchai de leur en démontrer rim- pc^bhfiiiè : je i«r. affuiai que ce prétendu phénomène ne metitoir pas d*cfTe {jronc dans toute b Siçilo.
A quelques tentainet de pas , au nord de côte riUc , efi féglifo de S. Jean : ccitc «glde cft Wre fi .f l;t çr.»r:cd?. b Sibylle fot-di£tm de Cumi'v T zm-cebc ?u»Uiitci:o.t l. - ’•» ' /id- Al.W|- if» Vi'. :îbn*. X^cs Jcfmies Font poffédéc depuis ; aujourd'hui clic cÔ k ia nüjjuuoi'o.-i J» b Cow.
PLANCHE DOUZIEME.
Gr\>üi. dt L .id’.v/.'.’
J .1^:'^ ' • • ’ • •■» ' j. -V V -4.* r
Ali T.d » . . . • 't K .i'j. ,...,'...1; -r-, , • . .•.'ir, J',n>
ï*l’. «4I i, i:»*» Ws 'fr' . & (*u Mût j'tcé'y d. pivl‘>..d'.*wr.
pr.vt i*«»oc».îi ««cas'tquM câ pofidJe, U4C «iée )ulle de cc lieu fot.t.îmfr , « p -;.r di? p» rc u-Js.j’ ^bF^a rmcdwvCnftfW desd«fiînsge(mYéTraux,qii ne nue pour marquer ktdim^ nfion* desi^-^iîfeesjâi
fj. I >î‘idlt%fs foijf 'icp'.-ocvus de tout inférât, j'ai rcpaéicunl d jBç>rd cürte giwîu ta clcviaion, cuibquo vousda voyez fig. 1'*} ëteafuitefcnaircprcfenré,iîg. 2,Icpbneniciief.
Pour eu birc voir Fiméneur & Fetenduc , j’ai fuppofe & j^i rtprefenu* dam mon deffin une feinte dé- molition de certc grotxe ; on y \bit une multitude {Thommes qui r» cnv.»orti'nt les pierres , & qui en dé- couvrent F^tcnciu kb vue. f.ujrupnirt do etn jrioiifii îc travail de cwowv.Tcr» offrent, pir'ItungM ,>c*
par b perfpccB re des pLnti avances &. reculés , un plus iiitcrelfint que c’oûc bit une fîmpic rs-
préiltîtitfion ^turérralï.
Dunsbfig. r*. .►''«ir rr i8Wt 03j*ivd;ri .U j'îrt ;Ta‘ fupp.if*' tfue cv ^■*çeT ' SiB*- «(* '■ 'q.û horixontalemciit n u« ..r pj : yiu-ir , In ‘vj’riautvi -• ’n m'i: qu w» «f w.a
le fol (kns toute fuséu ndu- g. •.-mé'r'.ii/
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. 19
On le conferve encore , comme on fa trouvé , recouvert de fon pied A, & fes polTefleurs croient cpi’o- riginairement il a été taillé ainlr.
Ils y ont fait ajouter un pied de mauvais goiit , tel qu’on peut le voir en B. Je l’ai repréfenté vu du côté de l’anfe, pour faire connoître cette Belle partie , la plus intérelTante du vafe ; & , pour qu’on le connoilïe fous toutes fes faces , je Fai defliné , dans la figure fécondé C , par le côté qui eft entre les anfes. Dans cette figure j’ai remis fous lui fon pied , dont ceux qui s’en fervirent pour faire une urne ci- néranre, avoicnt fait fon couvercle. Ainfî , dans cette fécondé figure , il ell tel que je m’imagine qu’il fortit des mains de l’artille ; car jamais H n’a pu être conftruit tel qu’on le voit aujourd’hui.
Ce vafe eft d’un alBâtre fi tranfparent , qu’il femhie de porcelamcj auffi affe£Ie-t-on de le montrer avec une Bougie allumée au dedans.
La fig. 3 repréfente un vafe grec , fait à l’imitation d’un vafe étrufque ; il eft d’un très-Bon goût , quoiqu’il ne foit qu’en terre cuite. Une tête de femme , d’une Belle exécution , eft peinte diiffus.
La figure 4 eft une tête de •Silène en marBre , d’un afîez Bon goût pour mériter qu’on la re- marque.
Une fecoupe en terre cuite , dans le genre des vafes étrufques , ayant un pied &. deux anfes , eft reprcfentée dans la 5® figure : on me la fit remarquer comme une chofe extraordinaire. H eft rare en effet qu’on en trouve d’auffi Bien confervée.
La merveille de Marfalîa, & l’admiration du peuple de toute la Sicile, eft un petit clocher ifolé , qui n’ayant pas douze pieds en quatre à fa Bafe , s’élève de trente-cinq ou de quarante : il s’éBranle & s’agite lorfqu’on fonne une cloche qui eft tout en haut ; cet effet namrel eft peu fenfiBIe ; pour le mieux voir, je fixai perpendiculairement la pointe de mon épée dans les joints de l’appui des fenêtres ; au mouve- ment que produifît la cloche en fonnant, mon épée décrivit une portion de cercle de plus de huit pouces. Ces Bonnes gens tres-ignares croient ce clocher Bâti fur un gloBe. Je tâchai de leur en démontrer l’im- poffiBilité : je les affurai que ce prétendu phénomène ne méritoit pas d’être prôné dans toute la Sicile.
A quelques centaines de pas , au nord de cette ville , eft l’églife de S. Jean ; cette églife eft Bâtie fur la grotte de la SiBylIe foi-difant de Cumes. Certe éphfe aDoartenoit autrefois à la vieille des
EP. Bafiliens. Les Jéfuites I ont poffedée depuis ^ aujourd’hui elle eft à la nomination de la Cour.
PLANCHE DOUZIEME.
Grotte de la Sibylle.
La grotte de la Sibylle , plus renommée que cette églife , attire davantage les curieux.
Au milieu de cette églife , confacrée à S. Jean, font deux efcaliers qui fervent à defeendre dans cette grotte. Elle eft creufée dans le roc , à dix-huit pieds de profondeur.
Bourdonner, autant qu’il eft pofliBle,une idée jufte de ce lieu fouterrain , & pour ne pas tomber dans l’inconvénient des delTins géométraux,qui ne font bons que pour marquer les dimenfions des édifices, & qui d’ailleurs font dépourvus de tout intérêt , j’ai repréfenté d’abord cette grotte en élévation , telle que vous la voyez fig. enfuite j’en ai repréfenté , fig. 2 , le plan en relief.
Pour en faire voir l’intérieur &. l’étendue , j’ai fuppofé & j’ai repréfenté dans mon deftin une feinte dé- molition de cette grotte : on y voit une multitude d’hommes qui en emportent les pierres , & qui en dé- couvrent I intérieur à la vue. La rupture de ces murs & le travail de ces ouvriers offrent, par leurs groupes & par la perfpeéHve des plans avancés & reculés , un tableau plus intéreffant que n’eût fait une fimple re- préfentation géométrale.
Dans la fig. 2 , pour en faire connoître le plan , j’ai fuppofé que ce logement de la Sibylle a été coupé horizontalement à une certaine hauteur , & que la partie fupérieure a été enlevée ; de forte qu’on en voit le fol dans toute fon étendue géométrale.
H
VOYAGE PITTORESQUE
J’y ai mis quelques figures, dont les attitudes doivent défigner les diverfes pariiculantés de ce lieu. Ce
fouterrainconfiftedansunfalionA, fig. 2, dont le plafond a la forme d’une coupole B,fig. i". Au
fommet de ce plafond on a pratiqué une ouverture C pour donner de l’air à ce fallon, & pour le rendre habitable.
Je foupçonne que l’efcalier D eft antique. Ce lieu fut jadis d’une grande magnificence. On en peut juger par le pave en mofarque , dont une partie autour du fallon a été affez bien confervée. Voye^ fig. 3 ■ Au milieu de ce fallon eft un petit puits quarré E , qu’on a creufé dans des temps poftéricurs , pour en
tirer de l’eau, dont on faifoit ufage dans certains jours de fetes.
Cette eau palTe'fnus la terre derrière la grande niche F , & elle commence à paroître par un foupitail G. Là j’ai mis deux figures qui regardent le canal. Ce canal palïe fous le fallon , & continue fous le cor- ridor HH ; l’eau coule delà fous la roche , &. fe jette dans la mer à quelques centaines de toifes.
En face de cet antique cfcalier D eft une efpèce d’alcove I, où repofoit peut-être la Sibylle. Une ouverture quarree & perpendiculaire, marquée K au plan , fig. 2 , & pratiquée dans l’angle de cette al- côve , femile avoir été le trou facré par où elle faifoit entendre fes oracles. J’ai mis , pour l’indiquer davantage , des figures qui femblent l’obferver. Il y a une ouverture femblable , mais plus large, au bout du corridor HH : elle eft perpendiculaire fur le pallier L. J’y ai placé auffi quelques figures qui lemarquent que cette ouverture fervoit autrefois a defeendre la Pretreffe. ^
L’efcalier M eft moderne ; il a été fait pour que le peuple qui vifite cette grotte dans des jours de dé- votion , en forte plus facilement. On apperçoit encore quelques relies de peinture dans plufieurs endroits de l’alcovc O & du cabinet I. Elles font très-anciennes & dans le goût des Grecs.
Les figures que j’ai mifes dans le plan de cette grotte repréfentent foiblement le prodigieux concours de monde qui s’y rend le jour de la S. Jean. Cet Apôtre , le Baptême , le Chriftianifme , le changement de dogme & de culte , n’ont point entièrement détruit la réputation de la Sibylle. La veille de la fete de ce grand Évangélifte , les femmes du peuple viennent en foule confulter cette antique Prophéteffe , qui ferable revivre pour elles dans l’eau qui coule au fond de cette grotte ; elles viennent lui demander , fi dans Ifrimie Ter. maris ne leur cm ireinr f-it rm»ir,ne T.es ieunes filles Viennent auffi la confulter
pour favoir fi dans l’année fuivante elles n’auront point de mari.
Pour le bien favoir, elles boivent de cette eau^ leur imagination exaltée leur donne alors une forte d’i- vreffe. Elles crient & profèrent certains mots au delfus de l’ouverture du canal , qui laitfe voir l’eau à trois pieds de profondeur. Ce lieu eft très-fonore , il y a un écho ; & félon l’endroit d’où l’on parle , & la ma- nière dont on parle , il rend des fons différons , qu’on entend comme on peut , & qu’on interprète comme on veut. Les femmes, félon leurs defirs , ou leurs foupçons , ou le caprice du moment , en concluent que leurs maris font volages ou fidèles , & la conduite quelles tiennent en eft la conféquence. ^
Cette fuperftition populaire eft très-antique ; je ne fuis pas le feul témoin qui attelle ce fait : l’hiftorien d’Orville en avoir déjà informé fes leâeurs. J’avoue que je me fuis fait un plaifir fecret de vérifier ce qu il avance , & j’ai trouvé qu’il ne difoit rien de trop. Il femble quelquefois que le peuple ait befoin de fuperftition. Le malheur aRuel , le befoin de changer de fituation , l’efpérance d’être mieux , la crainte des accidens , de la maladie , de la vieillefte , tout engage les âmes timides , les efprits fans culture , à courir après les prédiffions , les préfages , les augures , & les impofteurs qui fe font un jeu de leur crédulité.
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. 19
■»»:: - ===== ■■■;
CHAPITRE TROISIEME.
Hi-fi oirc de Marfalla. Manara. Cafiel Vetrano.
ProceJJîon de la Fête-Dieu. Ruines de S élinunte, SCc.
Ej N REVENANTdela grotte de la SiLylle à Marfalla , qui n’en eft éloignée que de quatre à cinq cents pas , on me fit voir bien des endroits où l’on a trouvé des morceaux antiques , des débris de temples & de palais , de petites colonnes de marbre , & plufieurs autres objets qui font autant d’indices que ce lieu a été couvert autrefois d’édifices importans. La fituation de ce lieu fert encore à le faire croire. On y jouit du plus bel afpeft ; on y voit en raccourci tout le rivage jufqu’au-delà de Trapani, dans une éten- due de quinze à feize milles.
Les avantages de ce beau fite , la nature des débris , le caraRère meme de cette grotte , me firent penfer qu’au lieu d’avoir été la demeure d’une vieille Sibylle , arrivée de Cumes on ne fait pourquoi , ni comment , cette grotte pourroit fort bien n’avoir été que la falle des bains de fun de ces palais. Ce canal où palfe plus d’un pied d’eau , ce pavé en mofaïque , îa forme de ce heu , fon peu d’étendue , tout me confirma dans cette idée.
J ai cru devoir en parler d abord fous le nom de la grotte de la Sibylle, parce qu’elle eft connue fous ce nom , & que plufieurs auteurs ont adopté cette tradition populaire ; mais j’ai cru devoir enfuite faire part à mes Lefteurs de l’idée que fon afpeft me fit naître , et de l’ufage auquel je crois qu’elle a été primiti- vement deftinée.
De cette grotte nous nous acheminions vers Marfalla ; j’ai dit que cette ville étoit l’ancienne Lilibée.
Mon guide , qui étoit un peu antiquaire , m’afiùra, en me citant Strabon , Ifidore & Solin , que cette viEe avoit ete fondée avant la guerre de Troyej qu’Énée s’en rendit le martre ; que les Carthaginois & les Romains fc la difputèrent , que les Sarrafins s’en emparèrent. II m’apprit aufii que le grand Charles- Quint voulant empêcher les pirates barbarefques d’y faire de fréquentes defeenres , trouva plus com- mode de combler l’entrée du port, que de la défendre par des troupes & des vailTeaux. Le moyen étoit infaillible ; mais les Grecs , les Carthaginois , les Romains , les Sarrafins même ne l’employèrent pas ; £c ils en écartèrent cependant les pirates payens , chrétiens ou mufulmans. La deftruftion du port a dé- truit le commerce ; on m’a certifié qu’il ne peut plus y entrer aujourd’hui que des barques de pêcheurs.
Je fus dîner chez notre Vice-ConfuI ; il n’y avoit pas long-temps que j’étois en Sicile ; j’en ignorois les mœurs ; je ne foupçonnois pas que les femmes ne fe mettoient jamais à table avec les hommes fur-tout quand il y avoit des étrangefs. Poliàlafrançoife, j’obfervai, lorfqu’on eut fervi,que Madame n’é-
toit pas encore arrivée. Elle va venir — Mettez- vous à table des affaires elle eft occupée....
elle vous fait des exeufes de ne pas paroître encore .... furent toutes les réponfes qu’on me fit. Cependant les plats fe fuccédoient , & elle ne paroifibit point. Le deiTert vint auffi , & elle n’arriva point. Je m’en étonnai , lorfque l’ami qui m’avoit amené , m’apprit que c’étoit l’ufage , & qu’un mari pafieroit pour fe manquer à lui-même , s’il expofoit fa femme aux regards des étrangers. Cette idée m’étonna encore plus ; mais enfin je partis fans voir la Dame du logis.
Les Grands ont d’autres principes & d’autres mœurs : je fus reçu chez M. le Comte de Grignani avec la même aifance & les memes ufages qu’en France. Madame la Comtefl'e fon époufe , fa fœur & d’au- tres femmes etoient prefentes , & ne tenoient en rien aux antiques ridicules qui ne fe confervent plus guères que dans le peuple & la bourgeoifie. M. le Comte de Gngnani a beaucoup voyagé ; il a long-
H
20 VOYAGE PITTORESQUE
temps vécu en France ; il en parle très-bien la langue , mais il n’en a pas rapporté le goût de la déco- ration des maifons de campagne. II a un pavillon à quelques milles de Marfalla , fitué de manière qu’on ïe voit de loin , & qu’on peut le reconnoître à fa décoraûon : il eft blanc & noir , marqueté comme un damier par carreaux difpofés en diagonale.
Je vis, en me promenant dans les environs de Marfalla , de larges & profondes excavations dans la roche d’où l’on a tiré les pierres qui ont fervi à conllruire cette ville. Elles font en grande partie anti- ques , mais elles n’offrent rien de remarquable.
Satisfait des politeffes de notre ConfuI , de celles de fon ami D. Rofario , & plein de reconnoilïance pour les manières obligeantes du Comte de Grignani , je m’éloignai à regrec , & je partis le lendemain pour me rendre à Mazzara.
De Ma\\ara,
L’antiquité de Mazzara eft fort conteftée : les Carthaginois & les Romains s en emparèrent tour-è-tour.
Les habitans de cette ville prétendent quelle eft l’ancienne Sélinunte , quoique les débris de Sé- linunte fubfiftent encore à vingt-quatre milles , ou à huit lieues de Mazzara. Mais rien n elHi commun en Sicile que de voir des villes modernes fe donner pour des villes antiques &. célébrés , qui nexiftent plus , ou dont les débris fe trouvent dans leur voifmage , & attellent la fauffete de la prétention de ces villes : fouvent plufieurs cités modernes fe difputent un nom antique ; & les enthoufiafles peu mllruits écrivent des volumes pour foutenir la gloire d’avoir été jadis ce qu’ils font incapables d’être aujourd’hui.
Rien n’annonce dans Mazzara une ville qui ait ete decoree par les arts. On ny trouve que trois Sar- cophages antiques : ils font dans l’Églife Cathédrale.
PLANCHE TREIZIEME.
Sarcophage SC Urne cinéraire.
Le premier Sarcophage qu’on voit à gauche en entrant par la partie latérale de cette Églife, ell en mar- bre. On y a repréfenté en bas-relief une chaffe au fanglier , qui paroit erre celle de Meleagre. Le fujet en ell aulTi fimple de compofition , que foible d’exécution. Le temps I a un peu efface. Fig. i .
Près delà fe trouve une urne cinéraire aulTi de marbre blanc , que j’ai repréfcntée , fig. 2.
Ces frêles monumens d’une haute antiquité font rarement affcz entiers & affez intéreffans pour être confervés dans les cabinets des curieux ; leurs ffagmens n’ont de mérite que quand ils font décorés de quelque fculpture élégante.
Ces urnes netoient que des vafes carrés, de la forme d’un dé, ayant à peu près un pied en tout fens; on en voit même de plus petites. La plupart font ornées de bas-reliefs, dont les fujets étoient analogues aux perfonnes dont elles renfermoient les cendres.
On dépofoit ces urnes dans des niches qui étoient pratiquées autour des chambres fepulcrales : les morts tenoient peu de place ; toutes les générations d'une même famille fe rangeoient en ordre dans la même chambre ; & cette chambre occupoit toute la capacité du petit édifice , qu on appeloit tombeau ; car chaque famille un peu confidérable avoir le fien.
On trouve de ces urnes qui ne font pas en marbre , ce qui decele qu elles ne renferment pas les cen- dres d’un homme riche ou d’un homme dont les parens fuffent fomptueux ; auffi font-elles dépourvues de fculptures ; ou fi elles en ont , ce font des ouvrages bien mal faits.
Celle que j’ai repréfentée , fig. 2 , je l’ai repréfentée en perfpeRive avec fon couvercle renverfé , pour en lalflér voir l’intérieur , faire juger de fa capacité , de la manière dont le couvercle étoit ajulié avec
V r Y r. JS i T ro K E 9 Q ü E
^ - -H. - m . ir* '^ '.î 11 -IA a p«4 tappüoé le goût tîH» ilcco-
'cü i^c. î Ml .1? .'T , , K.;tlc»<lo Murf.iij* , fitué Jcmaniîrc
V, • pun , ?*. Qti ûK p«i': .'s - ‘ V !•; :4 c-ft t-4imc U ncu , inirqucté comme
«il Aur^ar n^.- ‘-Afimuf. Jifpofc» r<
Je ^ ^u jincn-. -tittu iu eu . -« h ;>t.-f.-f«ifi'«nicïxr:»ronf dansîa
rociw: dV-û i'i-^ d wù U* . -4jKpù oiif tjc»% « eu. âiwat «.I.-: ‘«lit ^J;<tb icm tn gjurnlc pnrru cnû- f •^•■'<•4 •. '..il»» . • tnBüiqiiablc.
>,• ' « . ■ . J, i-W J • • . de celles de firm ami O. Hwfiu'! ’ . & pî«.'*n de rcco««to»fîimre
. -i .. :. • r - * fh Gngnani, je m'floigoai h regret, & j4 p*ro* k li
.• < •- •••■iJiie . '•! uAii*
p«É. _ t'9 HvutvUJi# stii fl^psfijreiw touf'^our.
1 * . .1 » Cmu.i ;' •* :* “«««nu- . ijiOeqcs ïei U-hf» dc.tyï-
t ^î«^*<fe3SW -I Mau rien neft u commun
cil -,Ji *jv« Je voi*^ <k' ;i!it* nuklenics Je r!i>uat . pjib' de» N’illee autiquefv.fit célèbres , qui ncAÎÛeût
(*J9 , ou düCi le» débfis fe trouvent dans leur voilînagiS , & attcftenc la fauflctc oc k prcu-irion de ce»
■ J* !■« •» xuti înod-.Tnc8 fe dkfpiiitru un nom antique ; Ét le» ^mhooTialL^pcu înlVuii»
V- : ' »t*i . C.a'M'.u U gio rc ifavu; «té j,i . • ' ^ f' «n .'^.^Ç’^r-iciifctra
. vr.‘ Ji.c • :'v-qui art etc décurùo pat Jcsaito. On« j tu. vf i-^u£ i;um Ser* VlfjfU' < ■ .. • ' r.- ‘••üAttfe.
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Sarcophetgf 3C Umc dn&aire.
It '-CTjjVr fjirofh'i'r qu''n roit ù ?ai-'clic tn enitan! pli la («..tic iailalo de »^Eg(ifc , câ en maî- tre 't J a u. rcitnti on feak-refrf Une cfcaiîfl au-fançUer , ip.i pa-MU -Ult r;lic de Mtldagro. Le f.:ji« «U <üi uiTi ürapfe dBtorapo''.dû!>,que loiiil': d’ci.»'.* i-*'i ’t : ,>ic lv>-
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coiiftivi dam fca catiiua d- a - uatua ; {:«>» n'oal de nirite que quand üi font ddtora J»
tjuelquc turc cItgiAte.
C« uraci II efflitnr que’des Tafet cwida, de la forme d un dé, ayant à peu pr' ' on pkd ra tout L-.r ; n - -■•- ■ -, :ér-’- ;ilu.petit:-a La -! 'r;'- '■ .roraota de bas-telict , doml« fujea ëtokm aualoguea » ; ,ici-i. eu :r •■nnttf'.e- reidéimoiciu iMCtndica.
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DK ittujf., DE MALTE, ET DE LÏPARI.
des ^uTluief T-iires , Âr^i'oieiu exâRcment ie vaTe , &'em|>ccSotem que non ne fe mêlât aux
ccudn*s deK ni-irts.
L >n u'nvaytxt auHî leurs cendres oai^ de iimplcs vafes , tels que ceiui que j’ai deent Piaoche XI du
P L ANCHE Q U A T O a Z I E M E.
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antiquw. Cetic lampe fervoif ^ cebirer U chaniferc o6 les urnes écotçnt «fcpoSécs. On U biffoit brûler & fü
favans ; mais je citerai un monunteur fcuîptc du temps où les Romains règnoicat dans les Gaules , 6t qui
Il rc^KiCc. :< ‘4t:c jeune iHIe 'tu'-r : n'*ui fermes d': dtyeHé» Amftions à fn lundrail-
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Les déux Jîolc'f qu on vtw , frg. 7 , foot en «^ro^uite ; elles font beaucoup pîui grandes : leur etl (i'ficicnte , & H eil vralfendïlabie que ctQcs-là étoicnt dciündes à contenir les parfums.
grctlc qu'il ioft munit' piufita» ««iroits, r«uu I eweuw» en ©1^ bclîc- C)o preiome que ec eo®»bc4ü renferme les ccntks *.L ludqus' dî.,?« ^»n - -îtft-iip - Ex: itfaâ «i*» W'^-xn
■ ; J Al-spifre, Mais b plup&ct de ces vafes étoienc de terre cuite : nous en uTons beaucoup qui ont été* v4*;e» chez les Étrufqucs , les Grecs ët les Homams-; ils nous font parvenus fans ira^ures , parce que , dépofés dons des tombeaux ib êtoient k ^abn dos audderis & • du ravage de Lt guerre qui a dé- truit les villes où avoient vécu les hommes dont ib oth v eocenu b cendre..
Ce fécond Sarcophage cft suffi décoré d'un Bas-xdief. On y a fculpré fcùlbvcmene de Ptoferpine, ^éré'i court sprè$ elle,' montée fur un char que traSnentdeuxfeipensailés. Co morceau cA un peu cndorri') v ;r CeE W n'ciücuT que j’aie vufut te fujet, quon ftTCqjréfcn’é i^ ’f .r ; foi'. •
en terré cünc: elle cfl âiïez bien ccin'crvéc. On oti njuve di: te.iibbbi a cbn* U plupart drt tombeaux
çonfumer au milieu de ces cendres : Ü cû rTaifemblabîô qu’on b rcmpliffoir 'd’Kuib , & qu’on b lallumoit touiei hn fois qu’on y spportoir une nouwlîe urne. . . ‘
»n»nxicii| tdsrwf> X !c- ‘’î .1 S \ t*« lames psîc»i*«.tf y t-ovlct.
P L A N C H
U I N Z 1 E M E.
Combat des Amazones. '
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LlPARl 21
des feuillures très-bien faites , qui fermoient exaftement le vafe , & empècboient que rien ne fe mêlât aux cendres des morts.
On confervoit auflî leurs cendres dans de fimples vafes , tels que celui que j’ai décrit Planche XI du fécond Chapitre. Mais la plupart de ces vafes étoient de terre cuite : nous en avons beaucoup qui ont été fabriqués chez les Étrufques , les Grecs & les Romains ; ils nous font parvenus fans fraftures , parce que , dépofés dans des tombeaux , ils étoient à l’abri des accidens & du ravage de îa guerre qui a dé- truit les villes où avoient vécu les hommes dont ils ont contenu la cendre.
PLANCHE QUATORZIEME.
Sarcophage , Urnes cinéraires ôC Lampe fépulcrale , SCc.
Ce fécond Sarcophage efl: auffi décoré d’un bas-relief. On y a fculpté l’enlèvement de Proferpine, Cérès court après elle , montée fur un char que traînent deux ferpens ailés. Ce morceau efl: un peu endom- magé. C’efl le meilleur que j’aie vu fur ce fujet , qu’on a repréfenté tant de fois.
Les petites urnes , fig. 2 & 3 , fe trouvent dans une Egîife voiflne de celle où efl ce Sarcophage, Elles font auffl d’une bonne exécution.
On trouve aufli quelquefois dans ces urnes des pièces de monnoie : on m’en a fait voir , c’eft ce qui m’a déterminé à en repréfenter quelques-unes , fig. 4. J’ai auffl repréfenté , fig. <5 , une lampe fépulcrale en tene cuite : elle efl alTez bien confervée. On en trouve de femblables dans la plupart des tombeaux antiques. Cette lampe fervoit à éclairer la chambre où les urnes étoient dépofées. On la laiflbit brûler & fe confumer au milieu de ces cendres : il efl vraifemblable qu’on la remphfloit d’huile , & qu’on la rallumoit toutes les fois qu’on y apportoit une nouvelle urne.
Les deux très-petites fioles qu’on voit, même Planche, fig. 6 , font des vafes de verre qu’on appelle îacrymatoires. Les érudits du dernier fiècle ont alTuré que ces vafes étoient faits pour recueillir les larmes verfées aux funérailles ; mais ceux de ce fiècIe ont combattu cette opinion , & ont prétendu que ces vafes fervoient à renfermer des parfums d’un grand prix : je ne prendrai point de para dans la querelle de ces favans ; mais je citerai un monument fculpté du temps où les Romains règnoient dans les Gaules , & qui fubfifle encore. Il efl dans une maifon fituée derrière les Charitains de Clermont en Auvergne.
Il repréfente une jeune fille morte : neuf femmes occupées de diverfes fondions affiftent à fes funérail- les, Une femme , les cheveux épars , &. livrée à la plus vive douleur, tient deux de ces vafes appelés lacry- matoires ; elle les porte a fes yeux , & elle y recueille fes larmes qui paroiffent y couler. •
J’ai vu le deflin de ce tombeau tracé par M. de Beaumenil ; il efl dépofé dans la bibliothèque de l’A- cadémie des Belles-Lettres , avec les autres delTms des Antiquités de la France , faits par ordre du Gouver- nement, & exécutés par le même M. de Beaumenil.
Les deux fioles qu’on voit , fig- 7j font en terre-cuite ; elles font beaucoup plus grandes : leur forme éfl différente , & il efl vraifemblable que celles-là étoient deflinées à contenir les parfums.
PLANCHE QUINZIEME.
Combat des Amazones.
Ce troiflème Sarcophage efl le plus beau : le bas-relief repréfente la bataille des Amazonnes. On re- grette qu’il foit mutilé dans plufîeurs endroits , tant l’exécution en efl belle. On préfume que ce tombeau renferme les cendres de quelque illuftre perfonnage. U efl décoré de bas-reliefs à fes extrémités. Voyez
52 VOYAGE PITTORESQUE
fig. 2 & 3 , ce qui eft une magnificence afiez peu commune en ce genre. Ces bas-reliefs repréfentent des fujets analogues au fujet principal. Celui qui efi à gauche nous montre une femme renverfée : on voit dans celui qui eft à droite , une femme environnée de trophées.
On trouve épars autour de cette Églife , 6c dans différens quartiers de cette ville , des débris de colon- nes , 6c d’autres morceaux d’archireOure , mais tres-petits , 6c propres à être tranfponés ; ce qui a fait dire à ceux qui prétendent que cette ville n’eft point Sélinunte , que ces morceaux peuvent avoir été apportés dans ce lieu.
Notre Vice-ConfuI m’accueiIIit avec zèle , 6c s’empreffa à me rendre fervice. Il me donna à dîner dans mon auberge , ou plutôt dans la taverne qu’il m’avoit indiquée , pour me mettre à l’abri de l’ardeur du foleil , très-incommode dans ce climat 8c dans cette faifon.
Les ufages de cet endroit me parurent finguliers : j’obfervai qu’on y recevoit les étrangers dans une anti-chambre. Pour être admis dans le fallon il faut bien des préparatifs : le premier 6c le plus elTenriel, c’efi d’en bannir les femmes , la maîtrefie de la maifon même 8c fes filles , fi elle en a.
Je commençois à être au fait des mœurs de la Sicile ; je commençois à m’impatienter de ne pouvoir envifager une femme , d’autant plus qu’on m’avoit afluré que la femme du Vice-ConfuI étoit fort jolie. Je voulus la voir ; j’épiai le moment ; je fus lui faire vifite avec un de mes amis , qui étoit de fes parens , pendant l’abfence de fon mari. Nous demandâmes à lui parler ; nous infifiâmes : nous exigeâmes quelle parût. Elle vint enfin ; elle étoit accompagnée de fa mère 6c de fes enfans. Elle étoit belle : fa candeur 6c fon honnêteté nous raviflbieni. Les femmes n’ayant point l’habitude de paroître en compagnie , vi- vant retirées dans l’enceinte de leuis mailons , ne voyant tîu monde qucpai la }enctie,ou à l’Églife, elles n’ont pas de maintien; elles manquent de converfacion.
Je n’obfervai rien de remarquable dans les environs de cette ville , quoique je fulTe conduit par l’homme le plus inftruit du pays, 6c par quelques Chanoines qui me comblèrent d’honnêteté. En général j’ai été bien accueilli dans tous les endroits où j’ai pafie. C’eû une juftice que je dois rendre aux Siciliens.
Départ de Ma^ara.
Je partis le 1 8 de juin pour me rendre à CaficI Vetrano : c’étoh jadis un fort gardé par des vétérans. C’eft aujourd’hui une petite ville fituée à huit milles de la mer.
Elle efi à vingt-quatre milles à l’orient de Mazzara. J’y étois adreffé à un apothicaire D. Melchior Oliveri. II me reçut avec beaucoup de cordialité : il m’obtint un logement dans le couvent des Auguf- tins , 6c il mly pourvut de tout ce qui m’étoit nécefiaire.
Je fis ufage d’une autre lettre de recommandation que j’avois pour D. Antonio Deïione. Le lende- main il me fit une honnêteté dont en Sicile on ne fe difpenfe guères envers les étrangers : c’eft celle de leur faire des préfens. Il me donna d’excellent vin, avec des fruits 6c des bifeuits. Je reçus de plufieurs autres perfonnes de femblables politelTes. Par- là elles s’acquéroient le droit de me faire de fréquentes vi- fîtes, ôc de m’amener toutee qu’elles avoient de connoilTances pour voir les ouvrages auxquels je travaillois. En général on eft en Sicile d’une extrême curiofité ; on y craint peu d’être importun. II femble qu’avec une telle difpofition à tout voir , ce peuple devroit être très-favant.
Le jeudi qui fiiivit mon arrivée fut celui de la Fête-Dieu. La procelfion me fournit un fpeftacle nou- veau. Elle fe fait la nuit ; c’eft l’ufage , 6c c’eft un ufage très-ancien en Sicile. On tâche de le réformer , à caufe des abus que l’obfcurité de la nuit occafionne. Cette proceftion étoit compofée d’abord des Ec- cléfiaftiques de la Mère-Églife 8c de tous les ordres religieux du pays; puis de plufieurs centaines d’hom- mes en habit de pénitens , tenant tous un cierge à la main. On voyoit briller en outre trois ou quatre cents flambeaux ou gerbes de rofeaux. Ces rofeaux font prcfque aufti fins que de la paille , mais ils font plus folides ; ils fe confument moins vite , 8c jettent une grande clarté.
Cette
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. 23
Cette multitude de gerbes enflammées, portées par tous les jeunes gens de la viile, & difirlbuées ir- régulièrement , faifoient un effet très-curieux , en répandant de tous côtés des foyers d’une lumière er- rante , & en éclairant de moment en moment des groupes du peuple & des parties d’édifices qui con- traftoient fortement avec d’autres groupes & d’autres édifices plongés dans une fombre obfcurité. Le mouvement &. les reflets de cette lumière 8t de ces ombres , qui changeoient de lieu fans ceffe , & qui s’avançoient toujours , offroient des fcènes charmantes , & des effets précieux pour l’œil d’un peintre.
Cette illumination ambulante étoit accompagnée du fon des cloches de chaque Eglife devant qui elle paffoit , &. du bruit d’une artillerie qui fe renouveloit perpétuellement. Elle partoit toujours de I endroit où étoit le S. Sacrement. Par-tout où il paffoit , des boites eclatoient , des feux d artifices & des fufecs volantes s’élevoient en l’air , avec un bruit une fumee confidérable. Cette fumee reprefcntoit , pour ainlf dire , les nuages d’une gloire , tandis que les fufees formoient les rayons du S. Sacrement , en s arran- geant autour comme une auréole de feu.
Le fpeftacle de ces prêtres , de ces jeunes gens , de cette artiîlene , de ces fufees , de ces flambeaux , & du peuple qui s’agitoit en tumulte , avec piété & turbulence , offroit le tableau d une ceremonie religieufe plus pittorefque qu’édifiante. Le génie de ce peuple déploie fon caraèlere dans fes fêtes. Et fouvent , s’il n’étoit retenu par la décence que comporte 8c qu’exige la religion , les tranfports d un faint zèle le porteroient à des extravagances qui ne feroient pas moins cuneufes que ridicules.
Je devois aller à Sélinunte : je pris ’les informations néceflaires fur tout ce qui concerne cette ville if floriffante autrefois , 8c aujourd’hui entièrement ruinée. On en apperçoit aifément les débris du midi de Caflel Vetrano ; on me îps fir remarquer à rp.Yrrf^mité d’nnp rninpagrip rirhempnr rmivertp de plan- tations de toute efpèce , 8c fur-tout d’arbres fruitiers qui charment l’œil par la variété de leurs formes 8c de leur coloris : la mer termine majeflueufement la vue de cette vaÙe campagne.
C’eff au bord de ce rivage qu’on apperçoit les colonnes d’un temple le plus grand qu’il y ait eu dans cette antique Sélinunte. Elles dominent tout ce qui les environne. Les gens du pays les appellent Pillieri giganti, les Piliers des géants, à caufe de leur extrême groffeur.
Je partis de Cartel Vetrano pour me rendre à Selinunte. Je traverfai cette belle campagne , qui jadis étoit coupée par de larges routes qu’on apperçoit encore au travers des buiffons qui les couvrent ; 8c je fuivis de très-petits chemins qui ferpentent au milieu de ces routes , 8c qui ne conviennent qu’à des gens de pied , ou à des chevaux de charge ; car on ne fe fert point de voitures dans ces campagnes.
En arrivant fur cette place , où fut jadis Sélinunte , je me logeai dans la tour des gardes-côtes , qu’on appelle aujourd’hui Torre dei pulci , J oür des puces.
Il faut que les Étymologiftes fâchent qu’il y avoit autrefois dans ce lieu un temple confacre a Cartor 8c a Pollux ; en italien Polluce. Quand le temple fut démoli , Sc le dieu oublié , le peuple ne connoiffant plus Polluce , le prit pour le nom du petit infefle pullici qu’il connoiffoit très-bien ; 8c par-là il prépara bien du travail aux doftes qui fondent de fublimes allégories fur les rapports qu’ils trouvent entre queb ques fyllabes.
Cette tour 8c ces gardes-côtes font là pour empêcher les barbarefques dë faire des defcentes dans le voifînage.
Tous les foirs les gardes allument de greffes torches de paille , pour avertir qu’on ne voit point en mer de vaiffeaux fufpefts. Les tours voifines font éloignées l’une de l’autre de cinq à rtx milles : elles font de pareils fignaux quand tout eft tranquille. Si au contraire on ne voit point de feux , on tire un coup de canon , afin d’avertir les fentinelles 8c les gens de la côte d’être fur leurs gardes. Si quelque endroit eft menacé, plufieuis coups de canon avertiffent la ville de Cartel Vetrano d’envoyer du fecours , 8c font entendre aux pirates qu’ils font découverts.
I
Carte de Séliminte.
Deux collines AS,diftantes d’un tiers de mille, font couvertes des débris deSéünunte. Sur la plus pe- tite A eft la tour des gardes. Là font les débris de trois temples , de plufieurs palais , & d’une infinité de maifons. On voit de chaque côté de cette colline de grands efcaliers qui conduifent au rivage. Cette colline A cft entourée de murs , qui marquent l’enceinte de la ville proprement dite ; au-delà des murs il y avoir des fauxbourgs.
L’autre colline n’a point de murailles ; mais elle a auffi trois temples , dont les colonnes font renver- fées. Le plus grand de ces trois temples eft une des merveilles de la Sicile. Cette colline & fes envirôns faifoient la partie extérieure de cette ville.
Sélinunte étoit fituée entre le fleuve Modion Y, qui couloir à l’occident , & le fleuve Belice qui cou- loir au levant , à deux milles de diftance tout au plus. C cft ainfi que Cicéron indique la pofidon de cette ville.
La colline A eft le lieu de la ville même : elle eft entourée de murs B ; murs très-forts & d’une belle conftruftion. On voit encore un chemin pratiqué dans l’épailTeur &, fur toute la longueur de ce mur , à la faveur duquel on faifoit le tour de cette ville fans être apperçu.
On arrivoit à cette ville par trois endroits r le premier au nord D ; il étoit de plain-pied avec la plaine campagne EE ; &- pràe mer FF rîe eTvirpie côté fie la colline A , il Y uvoit uu Lige efcalier GG, qui communiquoit du bas de la colline au fommet.
Vue du Temple H.
Dans cette enceinte étoient trois temples , H , I , K , & beaucoup d’autres édifices particuliers , tous également détruits aujourd’hui. Ils font dans l’état où on les a repréfentés , Planche XVII.
Le temple marqué H dans le plan a été peint tel qu’on le voit de la tour q. Les deux autres IK font à peine apperçus. Dans cet état de deftruftion ils ont tant de reflemblance entr’eux, que je me fuis contenté d’en peindre un feul.
Ils ne different prefque que dans les proportions. Le temple H a dix-neuf toifes deux pieds de long , fur fept toifes quatre pieds neuf pouces de large , mefure prife d’un angle extérieur à l’autre.
11 a quatorze colonnes aux faces latérales , en comptant celles des angles , 8c fix aux faces principales. Ces colonnes ont trois pieds neuf pouces de diamètre , 8c vingt cannelures.
Le fécond temple I , le plus grand des trois , a vingt-fept toifes de long , fur onze toifes un pied de large. II a feize colonnes aux faces latérales , 8c toujours flx aux faces principales. Ce temple avoit un por- che formé de deux rangs de colonnes. Elles ont cinq pieds trois pouces de diamètre , 8c feize cannelures.
Le troifîème temple K a vingt-cinq toifes quatre pieds , fur douze toifes un pied. II a douze colonnes aux côtés. Elles ont cinq pieds fept pouces de diamètre , 8c vingt cannelures. Ce temple a une ef- pèce de caveau , qui eft comblé.
L’entrée D de cette ville étoit au nord. La vHIe de Sélinunte s’étendoit jufqu’au lieu marqué EE , où il y a des puits creufés dans la roche , 8c des débris de murailles Sc d’édifices confidérables.
O , P , L , font encore des reftes d’édifices qui paroiflent avoir été importans ; mais on ne leur re- connoit pas de caraftère.
On voit au fond de ce même tableau , à l’horizon , la ville de Caftel Vetrano. J’ai repréfenté dans l’ef- tampe un groupe d’oifeaux qui prennent leur vol , afin d’indiquer le lieu où elle eft.
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nuis t^llc a au(Ti trois temples , don: la cofoonr» font «nver- ii*< Lfc 'ncrvcdlesde U Sicile. Cette coHineit fes cavirôni
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V O Y A C ■• î r ■ T f) P •' s Q U E
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Cu/lt J-: :!■• .
DîuxctiUiritt AS»ijJbmics(Tuniîcx<iî- ;j -p lïc. 'ü *'p-
tiic AtftU iiyUT de» guides. Là font les debns de ito» teityli'v. de pù*’ûd. î-» •
rnaifom <>J v(H lU clt- .\J: s.<« -ie cetto coUinc de giaod» ocwu-.i tfvr Cr*Hi«r A ..»c' \ •■
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condmttiün. On votl encorc un cher n.-t pi;iaf^üt tlan> l'cpaliTcur & Xur toute la longueur de ce mur , à i« foveur duquel on faiilnt le toux de cette ville Tarn etre opperçu.
On arrfvoit à cette s'ille par tiols endroits : le premier au nord D ; H 6oit de plaiti-picd avec la plaine .-j'.rwj^i.-KK* S* (U h-iTi.. fsVi^ dri- s..\ V -voit un larRC rfcaliftr GC»
. V «fj l»as de la colline au
! i A \ € H E D I X-S E P T T I M Ê.
Vus du 7'cmpic 1*L
D«.n»cctu‘ enceinte étoient ticâs tcmpîu,H, I,.K, & b.-juc.oup <rauti« WHîcm paniculîen , tous .jj.'LfnentiUftu’Uïujou.tn.ar. Il» f.'nt dmi lV:a« oj cw k-a » ri-*w4fwrh , l'I..; 1
Lt ;ri»pJc m-uqw; H d.iw le pUn a été pc.»H uu.ija’on k- v».>h de (s lou» <p Les iî.rai iiutryslK-fout à pt-i-A# appeiçw- l^atw cm état de dtÛrufîion ils ont ttet de idfoaibiniî ' enirVji , que )t nw ftia conu'utu d*cn pemdiv un Icuf.
^ Ils ne difitent prefq.**) que d» iw le» <*• ■:• •.** i ‘
furfeptiuilesquam P ■ P'al»»' '■ ; i. '<;»*»- . a - -lu, vs-*ér*,ti* àTsucte.
11 a tpiiiiocre (.ofoum^- ^ tx îakiak-s, en u.up.fti.tculKsdn angles , te üx aux foc« principal Cet cofooncs ont uow jéed» neuf pouces de dismttrc ,.fic vingt cjumcîuiet.
T . fevv*'‘d temple 1 , L pin» grand des trois , à vingt-fept toifes de long , Air ozirc wifos un p»ed de
laSif: l'ufa « rr*^ cslaiérales, fictoujours (îxaux faccsprijiupalcs.Ccumpleavoitun poo
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Ccd fuT '.e«c (ttinu: .pa< «Vîè'.’C la tour Je PuILicL E3Jc neft hàbitcc ,coinaie Boas tVoni Jii,
que par vDÎcissl i}ux g:u4'^iK <6ie. Cetcc tour cA übli^fon iiy peut monter pur uneikiKife, que Ton 6tc 1rs foirt, afin qu’au cas de furpnfe, l’ôfcalade-foitpItisdifncHe&Iadcfcnie pîus aifce.Sa gar.'ÎJon et .n alors ojtnpofcc de cinq hotnmeç : favoir, un canooni.r, un cupontî 2t trois foJdâtSi C cA là j%î M^d*ï«:icrtq)sqi..;jcmeru»occupéàpcindre& in^ildiivrfttf lo rcAtidclantiennefnleiideuf ' ^ ois pour domicile la chambre du cjoacnic’- ; tri»-p,rtît réduit , dont un ftt occupott la
yiiA grande partie. Le cannonier, maître de cette chamlie, dov<l de Iaphilvii'j*<iik' lapK» duvi-r, quoique dénué d’étude, aimoft [esaits,lescuriotitcsnunir(dles;d awo-r «cas l*-- gc^t-> Cette cLdiubre fi petite, dans une tour où l’on u'cnifoitquc par une échelle , jdus « i -rikauqua l'haKa,j;;oQ rfuji
homme, tttoaT‘jor|^d»rit>uu;s lortes deciioiescuriruk's. \*-'i avr.ir .ù > > r4vMU'i,5cdrsdcAiiuquinc'oicnc point inimviuj': ckirclbmj)es,dcsmédail!ta,dwa';srafcqn^. «TH i :• .r:H;,dcs livres, de» inAnimco*
de mathémadquca, & tout ce qui cA indilix !•••’► Mi- i ^ ht
^Jirc, des vaics,des iiflealïïri <h.* tui-
finc,dc» ét.'nuîAa.qiielqtJCS inAroiT.eci ,K si*- s ' 2^ rAalgréce inciaiigc, il y tC'^ii- L
gr.tndcpn^prctétchoIcraFCcnSiali:. Je ttrvn» de la mtcii^rcUpIus frugale, de via.ides fc<:ydc.^, préparé» h CoAc! Vetrand, dont on m'apponoit ma petite pro\'ifion tous les deux ou <Tob. jours. Au morodre iQcc]<t>*é> iik-pt la di^Mec anivoit , è; j'ciois obi’^ do livre coovnc.mca irenr . qui ,*•. {«’t {. î-
■ V . ' '.p^u.ai
fv oæ U- de' • de
' ‘-.Oo \.'ii po',:f:ama»>£>ocd d». U n«r , P‘.«i ^ p ..;.. .1.. ..
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DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARÎ. 25
C’eft fur cette meme colline que s’élève la tour de PuIIici. Elle n’eft habitée , comme nous l’avons dit, que par des foldats qui gardent cette côte. Cette tour eft ifolée ; on n’y peut monter que par une échelle, que l’on ôte tous les foirs , afin qu’au cas de furprife , l’efcalade foit plus difficile & la défenfe plus aifée. Sa garnifon étoit alors compofée de cinq hommes : favoir, un cannonicr, un caporal &. trois foldats. C’ell là que j’ai logé tout le temps que je me fuis occupé àpeindre & à méditer fur les relies de l’ancienne fplendeur de Séhnunte. J’avois pour domicile la chambre du cannonier ; très-petit réduit, dont un lit occupoit la plus grande partie. Le cannonier , maître de cette chambre, doué de laphilofophielaplus douce , quoique dénué d’étude , aimoit les arts ,Ies curiofités naturelles ; il avoit tous les goûts. Cette chambre fi petite, dans une tour où l’on n’entroit que par une échelle , plus femblable au nid d’un oifeau qu’à l’habitation d’un homme , étoit remplie de toutes fortes de chofes curieufes. H y avoit des tableaux & des deffins qui n’étoient point mauvais: des ellampes, des médailles , des morceaux d’Hiftoire naturelle, des livres, des infirumens de mathématiques, &. tout ce qui eft indifpenfable à l’homme, c’cll-à-dirc , des vafes,dcs ufienfiles de cui- fine , des vêtemens , quelques inlh'umens de pêche & de chaffc ; & malgré ce mélange , il y régnoit la plus grande propreté ;chofe rare en Sicile. Je vivois de la manière la plus frugale, de viandes froides , préparées à CaficI Vetrano, dont on m’apportoit ma petite provifion tous les deux ou trois jours. Au moindre inconvé- nient la difette arrivoit , & j’étois obligé de vivre comme mes gens , qui faifoient ordinaire avec les fol- dats. On étoit pourtant au bord de la mer ; mais il n’y avoit point de pêcheurs aux environs. J’éprouvai alors que toute manière de vivre eft bonne, quand on eft avec l’objet de fa paffion ; & que le défit de s inftruire fait bien vite oublier les commodités de la vie.
Apres avoir obfervé de cette tour les débris curieux qui l’environnent , je defeendis par ce bel efcalier G qui conduit au bas de la colline , où des portions d’édifices HH enfoncés dans les faLïce fe voient en- core. Quelques-uns vont fe perdre dans la mer ; on les apperçoit en temps calme. On peut juger du haut de la tour , qu’ils formoient une panie du port : le temps & les hommes l’ont détruit. Lorfque la mer eft agitée , elle y porte des fables , que les vagues étendent fur le rivage ; enfuite le vent les enlève & les sème fur cette colline dont nous venons de defeendre. Elle en eft déjà en panie couverte , ainfi que la plupan des édifices. On a vu de nos jours commencer cet enfablement. Il nous dérobe déjà bien des monumens ; & fi ce phénomène continue , cette colline à la fin fera couverte en totalité , & confer- vera pour d’autres fiècles la vue des Temples dont nous venons de parler. En palîant vers l’orient on voit de petits étangs RR formés dans les fables par l’eau la mer. Ces étangs font poiffunneux : la pêche eft une partie de plaifir pour les bourgeois de Cafte! Vetrano , qui ont près delà une métairie.
PLANCHE DIX-HUITIEME.
Le quatrième Temple de Sélinunte.
La fécondé colline , marquée S dans le plan general , a auffi trois temples T , V , X. II eft évident par la maniéré dont les débris du premier de ces Temples T font difpofés, qu’il a été renverfé par les hommes , en deux differens temps , & non pas par un tremblement de terre.
On reconnoît fenliblement I effet des machines qui ont été employées à fa deftru£lion. Les colonnes qui etoient au midi de cet édifice font tombées en dehors : celles qui étoient au nord ont été auffi ren- verfees , partie en dedans & partie en dehors , comme on peut le voir à la gauche du tableau.
Les colonnes avec leurs chapiteaux, font encore à la même place où elles tombèrent. On peut voir à la droite du tableau , par la difpofition de ces colonnes , qu’elles ne tombèrent pas toutes à-Ia-fois. Si un tremblement de terre les eut renverfées , un des pilaftres de l’intérieur du Temple qui fubfifte encore , ne feroit vraifemblablement pas relié fur pied. •
J ai pu mefurer les dimenlions de ce Temple ; il a trente-fix toifes de long, fur environ treize toifes
26 VOYAGE PITTORESQUE
de large. II avoir fix colonnes aux faces principales , & quatorze aux faces latérales , fans compter celles des angles. Ces colonnes ont fix pieds fix pouces de diamètre ; elles avoient trente pieds de haut , en y comprenant le chapiteau. L’entablement a quatorze pieds fix pouces.
Le plan de ce Temple n’offre rien de paniculicr : fes profils font à peu près femBIables aux autres : la terre eft cultivée tout autour de ces débris.
J’allois à la Meffc , qui fe difoit à un mille delà dans une petite chapelle bâtie au bord de la mer. Elle eft jointe à un petit pavillon , qui fert de maifon de campagne. J’y allois d’autant plus régulièrement , que depuis les incurfions que les François ont faites dans cette île , les habitans ont le malheureux préjugé que les François ne font pas fort exafls à l’entendre.
Les gens de la campagne viennent de très-loin ’à cette Chapelle ; & les pêcheurs des environs pour s’y rendre abordent à un petit port voifin , qu’on appelle la Marindla.
J’y fils le Dimanche de l’oftave de la Fête - Dieu , temps oii le zèle redouble. Outre les gens de mer & ceux des champs, il y avoit des habitans de Caftel Vetrano : des Meflieurs, des Dames d’un rang diftingué , d’une parure élégante & de bon goût, quoique différente de la nôtre. Leurs désha- billés étoient de taffetas gris ou vert : leurs manches taillées en amadis étoient garnies de rouge ou de jaune. Les cheveux des femmes, accommodés comme le font parmi nous ceux des hommes, attaches par derrière , nattés 6c tombant fur le dos en forme de queue : on lie d’un brin de fil les trois bouts de la natte ; une feule boucle fur l’oreille , point de poudre , voilà leur toilette. Les cheveux , qui , pour la plu- part , font du plus beau noir , fe cachent fous un large chapeau galonpé , relevé fur les côtés , St rabattu par devant.
Les feimiies dans ce déshabillé ont une élégance d’autant plus piquante , qu’il femble finis apprêt. Ce déshabillé de campagne eft réfervé aux femmes jeunes , St qui fe piquent du meilleur ton St de la plus grande recherche. Les autres , plus modeftes , vêtues de brun St coiffées d’un mouchoir blanc , ont fouvent encore par deffus cette mantellne qui , comme nous l’avons déjà dit en parlant des habitans d’AI- camo , enveloppe la tête St une partie des bras.
Le Dimanche de l’oêlave en allant à la Meffe , beaucoup de monde , des élégans de la ville , de bons payfans , de jolies payfannes , des pêcheurs s’étoienr raffemblés autour de la Chapelle , dans fes murs St fousfon portique. Leur afpeft m’enchantoit : un groupe de femmes aflifes à terre dans la Chapelle même, m’offrit quelque chofe de fi original , que je faifis mon crayon, St que je commençai à les delTiner. Une jeune fille non jolie en faifoit le principal perfonnage ; mais occupé de l’enfemble , je ne la remarquai pas ; St elle étoit fi enveloppée de fa mante , qu’à peine pouvois-je appercevoir fon vifage. Un homme y prit garde. Me voyant tracer des lignes avec un crayon en bois qu’il prit pour une petite baguette, ne fachant à quel ufage , il courut au Prêtre qui s’avançoit vers l’autel , il l’appela , St tout effoufffé , tout effrayé , il lui dit de venir bien vite, qu’il y avoit là un ... un .. . qui en vouloit à une jeune fille. — Mais quel eft cet homme, dit le Prêtre?- Jen’en fais rien, dit le fuperftitieux,c’eft je crois un étranger; mais venez, venez, il enforcellera cette jeune fille, il l’emportera, il en jouira; venez , venez, c eft à vous a empecher ces dia- bleries, à chaffer ces faifeurs de maléfices qui troubleroient la fainte Meffe. Je fuis venu pour vous avertir avant que le fortilège foit plus avancé. — Mais encore une fois , lui dit le Prêtre , cet homme n eft-il pas le François qui depuis quelques jours eft à la tour des Puces?— Je croîs qu oui, reparut 1 autre en tremblant. — Eh bien foyez tranquille , répliqua le bon Pafteur : je le connois ; c’eft mon ami ; il n’y a rien à craindre ; je réponds de lui Si de fes intentions. - Ah .! ah ! dit le fuperftitieux , puifque c’eft comme ça , à la bonne heure.
II revint pourtant tourner autour de moi ; Si me trouvant a deffiner des chevaux Si des hommes , il fe raffura entièrement fur mes intentions.
Le Chapelain me conta cette aventure après la Meffe. Mon fort avoit dépendu de lui ; Si s il avoit été méchant , fi je lui avois fait quelque ombrage , ou caufé quelque jaloufîe , j’étois perdu : un mot de fa bouche , un figue , un coup d’œil , Si j’étois lapide , chafle , emprifonne , ou déchiré a fon choix.
f H A P I T R E QUATRIEME.
PLANCHE DIX-NEUVIEME.
Cinquième Temple de SéUnums.
t TsMfLR S'appelle Periptire.* Scft Jébris s’éctiH^a» «une plame. ü ii été détruit
tfuDc manière Eico fingoUérc,
La panic îniOTcure de fes colonnes , <^ui , comme ce8a dtt autres Temples » étoient de plulîeurs morceaux , eft ikmeurée for .pied. On piendroh ces rdftes pour une enceinte de bornes qui auroicm éré placées autour d’qn édifice dont les débris ftibrulcur cuwie au inHieu fTcKw. CciV, fclon ntof , une ; *>uvel!c preurc que ce TcmfJe a été renvcrlé exptes St non p» acerdem. Scs deux prcmicxs gradnu fiint dèccNjv^irts & n’of&enc rien de parucuiler. D 4vingt*neuf toi'c» de longjur d*)uie d, L-^c. Scs co- ont <i»v] pieds fix pouce* tk dumètre. ÏX”4« ce ionacs éti< ;ïî a j« î«uüIc* , fi rv» coinpcer >- îi'i Ica angl«î * , fit fn; (hi-v IÎK«« prir<vlf)*\'i.
<)« v >n d«" Mpti % c ;{«dh.>&ruv»èr4H> P] < de cent bjâana pte*l* du'Ecmple V. Vov‘cîfl c-'rre
pour prendre un peu dv odraîchuremaïc , que Toxfréme dialeux de U Sitik. rend iruidpenfiblê , je qui^is quelquefois dans le cours de la nuunée les arides débns de Sébuunu je (ne retir\>’:s dans uno métairie fituce à peu près entre les deux Tcinples V & X. Li» , je iiouvou.qaf.lqucs bourgeois 4e Callcl Vetrano. Us s cmerveilloicnt en me voyant. travailler avec tant de perfévcrancc. Ik ne ccfibknt de mu dire , qu’avant moi beaucoup d’étrangers étoient venus rçgrrdcr ces débris, que qucîqj^i-un» I« a'- oî. nt ujtffurca ; mar' qu’aucun n’éroîi let «nu îc lendemain.
Souo'cot sfits à l'opibre avec eux, je tcrminoi* mes JcITms ou mes déferiptiom , f'mdc ie pas perdre mon x^ros meme. Mon trayail amûfoitmcs hôtes; je leurs contois quelques détaHsi'ur la France, ou quelques hifioires arrivées à Paris, qtûles iatcreiroicnc encore plus; nous nous tendigns aînfi agréables 2t ujcs xéciproquemefit.
CV* qui Ws i.i> «;(. t w* i 'ux .
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UüC -ïrra- r?r VT ripa* .. f r''-’r /r.»l i:jT;?rf *’.»7r i .
tous 1rs ‘3ÎPKS. fit dabaadpowr tcsedayCT, c:b vimmc daw en - K.hc:tir df fcii mari, q^e ' - jvft.ii (fim bcA.i A duhillé dt tafirtas, clic avoirquelquct tadH-s, qu drfparotrtrticiu fi jc’.'ü jIoi* uii'? ’c oioli V • .0 '/ tr/n.M . i'3;>wr plus poner cc déshabiîlétj^ue je luiferoû le plus gnu d 'Ijif'-ftT*. .ui <r.-’ jv I» ce .. r .-rct. E/nplicitc fait riic ; mais pour fouccpir «\axcpuc:i*ion . dis, »r:c uii ion gravement comique, que le lendemain à pareille heure cc qui Im Jéplaifoic n exifi ^i’>aic plu». Le lendemain •en effet ce pwdige fut exécute. Mais le furlendemain mon habileté penfa bien erre en defaut. Elle me fie appeler ; le - r;» . gonflé . les yeux fu;jri'îeadeîannc*,cïïemc dexn-ridaur. nowt ,û w /jcc ; &p.nfq io jefia^o» doi ligr.''’; & tài/ois difparpitro des , 3 ii'ctoif pas douteux pour cTe que je ne fuffe un na- bile mêd<x:m. Je me trouvai h ces.moia «uffi embamifé que Sganaxclle : j’illois h défiibu^ s. . . s £i douleur éicit fi srt , fii bormefbi lî grande, ce* mots li to'i .lans; j4A ! Monfuur ,ji v'Ui >\/ü£.*( mon tnfaru ^c'n/»,qu:. jf M lu - '•>jmmrn: k MUtnA «M-'an'-inw , faiisaffurcrla mer.* ■l'nncfinfurLcs,
jeIui{4>URÎs au mon» v: v.:)pivÿ«t*«un -k':;«ai/<lwrc. de uui k pouL de l’cnfilnt ; un peu de plénicude
K
* PwM ^.D a des , ft Hnaàùe, p*«« a •«
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DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI.
CHAPITRE QUATRIEME.
PLANCHE DIX-NEUVIEME.
Cinquième Temple de Sélinunte.
E Temple s’appelle Périptère* Ses débris s’étendent au milieu d’une plaine. II a été détruit d’une manière bien fîngulière.
La partie inférieure de fes colonnes , qui , comme celles des autres Temples , étoient de plufieurs morceaux, eft demeurée fur pied. On prendroit ces relies pour une enceinte de bornes qui auroient été placées autour d’un édifice dont les débris fubfiHcnL encore au milieu d’elles. C’eft , félon moi , une nouvelle preuve que ce Temple a été renverfé exprès & non par accident. Ses deux premiers gradins font découverts &, n’offrent rien de particulier. II a vingt-neuf toifes de long fur douze de large. Ses co- lonnes ont cinq pieds lix pouces de diamètre. Douze colonnes étoient aux faces latérales , fans compter celles des angles, £t lix aux faces principales.
On voit dans le fond de cette dix-neuvième Planche les ruines du Temple X. Elles font a Ta diflance de centfoixante pieds du Temple V. Voyez la carte générale.
Pour prendre un peu de rafraîchilTement , que l’extrême chaleur de la Sicile rend indifpenfable , je quittois quelquefois dans le cours de la matinée les arides débris de Sélinunte , & je me retirais dans une métairie limée à peu près entre les deux Temples V & X. Là , je trouvois quelques bourgeois de Callel Vetrano. Ils s’émerveilloient en me voyant travailler avec tant de perfévérance. Ils ne ceflbient de me dire , qu’avant moi beaucoup d’étrangers étoient venus regarder ces débris, que quelques-uns les avoient mefurés ; mais qu’aucun n’étoit revenu le lendemain.
Souvent alTis à l’ombre avec eux, je terminois mes deflins ou mes deferiptions , afin de ne pas perdre mon repos même. Mon travail amufoit mes hôtes ; je leurs contois quelques détails fur la France , ou quelques hiftoires arrivées à Paris , qui les intérefîbient encore plus j nous nous rendions ainfi agréables &. utiles réciproquement.
Ce qui les furprciioit lur-tout , c'étoit de me voir etfacei avec un peu de mie de pain les traces du crayon. Les gens peu inliruits font fujets à s’étonner de peu de chofe ; les femmes font fufceptibles de croire tout polTible à celui qui les étonne.
Une jeune femme , témoin de ma dextérité à faire difparoître ces traits mal delTmés , crut que j’avois tous les talens ; &. d’abord pour les elTayer , elle vint me dire en cachette de fon mari , que fur un jupon d’un beau déshabillé de taffetas , elle avoit quelques taches , qui difparoîtroient fi je voulois ufer de mon art en fa faveur ; qu’elle n’ofoit plus porter ce déshabillé ; que je lui ferois le plus grand plaifir fi je lui ren- dois ce fervice. Sa limplicité m’eût fait rire ; mais pour foutenir ma réputation , je lui dis, avec un ton gravement comique, que le lendemain à pareille heure ce qui lui déplaifoit n’exilleroit plus. Le lendemain en effet ce prodige fut exécuté. Mais le furlendemain mon habileté penfu bien être en défaut. Elle me fit appeler : le cœur gonflé , les yeux humides de larmes , elle me demanda un nouveau fervice ; &. puifque j’effaçois des lignes & faifois difparoître des taches , il n’étoit pas douteux pour elle que je ne fuffe un ha- bile médecin. Je me trouvai à ces mots auffi embarraffé que Sganarelle : j’allois la défabufer ; mais fa douleur étoit fi vive , fa bonne foi fi grande , ces mots fi touchans : Ah ! Monfeur , Jî vTUf voule^ mon enfant périra ; que je ne fus comment la refufer. Médecin malgré moi y fans affurerla mère d’aucun fuccès, je lui promis au moins d’employer mon favoir-faire. Je tâtai le pouls de l’enfant : un peu de plénitude
K
• Parce qu’il a des colonnes tout autour , & Hexaflile , parce qu’il a fix colonnes de front. Les quatre Temples précédents font de meme
iS VOYAGE PITTORESQUE
& de folbîelTe d ’eflomac caufoit tout fon mal. Je l’impofai d’abord à la diète ; puis prenant avec myftère un peu de fucre en poudre que j’avois dans ma malle , & le faifant fondre dans deux verres d eau , que l’cnfant prit en deux temps, ce léger ftomacbique lui rendit fa famé & fa joie. La mère me combla de bénédiftions; la famille me crut un grand homme. Quels prodiges font ces étrangers ! que de chofes ils favent ! difoient-ils : mais combien il m’eût été facile d’abufer de leur fimplicité & de leur bonne foi ; & combien je fcntis qu’il étolt néceflaire de répandre les lumières jufqu’au fond des campagnes , Ir l’on vouloir empêcher les fourbes de trouver des dupes !
Cette expérience de la fimplicité humaine étant faite , je revins au milieu des débris du Temple de Sélinunte. Le troifième Temple X étoit le plus grand de tous,
PLANCHE VINGTIEME.
Vue générale des débris du plus grand Temple de Selinunte.
La maffe énorme des débris de ce Temple eft effrayante ; on ne conçoit pas comment la rage de la guerre peut aller jufqu’k renverfer les premiers tambours des colonnes , fur-tout de colonnes aulTi fortes ; ces tambours ont dix pieds de haut , & dix pieds de diamètre. Les forcenés qui ont pris la peine d’en coucher quelques-uns , ont laiffé quelques colonnes prefque entières ; rarement on a la force & le temps de tout détruire.
Ce Temple a ciuquaiitc-unc tolfcs quatre pieds de long , fur vingt-cinq toifes de large ; fes colonnes font au nombre de huit aux faces principales , & de feize aux panies latérales. Elles font fupérieures en volume & en qualité à tout ce qu’on leur peut comparer. Elles ont quarante - cinq pieds fix pouces de hauteur. Il y en a trois qui ont été faites d’un feul morceau : on les voit à la face latérale du côté du midi. Ce Temple étoit une des merveilles de la Sicile par fa grandeur. Il conferve encore fa fupériorite fur les autres par la quantité & la hauteur de fes débris , qui dominent de beaucoup au delTus de 1 horizon des autres. Ces colonnes s’apperçoivent de fi loin , qu’en mer elles fervent de renfeignement aux pilotes ; une feule colonne ell demeurée entière. Elles dévoient être cannelées : H n’y en a que deux qui foient : ce font celles qui forment les angles de la face orientale. Les autres ne font qu’ébauchées , & ne pré- fentent qu’une fuperficie plane au lieu de cannelures. Il ell bien vraifemblable que cet édifice n a pas etc fini totalement. J’en trouve une autre preuve dans la carrière qui a fourni les pierres dont on a conllruit ce beau monument ; on y voit encore des tambours de coTnnnes du même diamètre. Si cet édifice eût été fini , on n’auroit sûrement pas préparé un fi grand nombre de peines qui ne convenoient qu’à lui.
PLANCHE V I N G T-U N I E M E.
Plan du plus grand des Temples de Sélinunte , avec les détails de cet édifice.
Ce Temple s’appelle Diptère , parce qu’il a deux rangs de colonnes tout autour : il ell oftollyle , c’ell-à-dire qu’il a huit colonnes de front.
A la face principale on obferve dans le plan de ce chef-d’œuvre, des beautés qui lui font parti- culières : un porche de quatre rangs de colonnes qu’on traverfoit pour arriver au fanéluaire. Voyez fig. i .
Je fuis perfuadé qu’un double rang de colonnes BB faifoit le tour de cet édifice , comme on le voit à l’entrée pollérieure C , & comme l’indique la difpofition des colonnes D, &. le mur E du fanôuaire, dont on ne voit que des parties à travers les décombres ; mais je n’ai pas pu découvrir la moindre trace des colonnes de ce double rang, à caufe de la hauteur où s’élèvent les débris. Il femble qu’il règnoit un mur dans toute la longueur , comme on le voit au plan marqué E ; je n’en ai pu reconnoître avec cer- mude que d’un côté : il devoir former la celle qui étoit l’intérieur du Temple.
,.5 V n T .t C ?
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(oâ néceiïaât ier<ip«ii*'ri k« Kt:>iié.'i ■ i,i»hv v v i. ' " .--iiçncf, Ci
f<e trouver dle{ dupes !
'.«il iKjtnairi'j cumt £aice » }c revu» su rnifieu Je* J’* W du Te»r^ de X .«vAi k plus grand di touÿ.
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i , .V r-.r-ls'k haJit, & XspkJï l-?* 'sittné* qui bm pris U peine
'«ü couciu:; tp'tiqucs-un* , om bîAé quelques «>*o - os pn viu<r ?i ; rurement on a U *orcc & k ser detruire,
<_V 1 - H..-- *u«^junifro-uBct«r«qua«ff pki^'fe . (Ur viep-dnq twia Je lsrs;< ; fes colonnes tjîT .•'• [iK‘ '.!■• .Ij 1* 1U* lices principales , 2i b l'-'sw au« jr-r.rii-ft hr.ir'''." Kîk* fwf fupérieurts. en lit. »i; ji. M* /♦ et. quVn le h- rwut i *>mpjrrr. £Scs ont quiirar • i^mq- pi**^ mï i «i’*. •'
♦— \»mir il y ■»f? s ir«* <pâ c-.\ et. i< es m» feuI,moece»-i ■ un veit •« foi* ’-ji '/aI- it i.Oti' de mri'*. Ce Tt.»Dr(R -^oit une def ovnein«* k k'îfiic/k p«» (u grojrdj^if ^ • ' ‘“e fa ( tj-rrionté
lur .'la;-'*» w: t qu«iui«< 3t U l^utcur do fesdcbm, q. i dumusUi* d- beanco^f bUsdHTu» J,* n>omôn dAiootre». Cv* sVppcf^Ofvenr de fi l*>in ,qu’cn mtr clks Cr^rrn Jorentipirment aux piTotes:
■‘t*'' ^tmIc :*r ‘ . -cieçft ef.ir.*rw enuirt. E1Î<k ds* '.’cnt ir<î ciaocîcni Jn’y cr. -:qu.* ■ku'''qtiijF^^^ktu :
ce font ecEc. qui R.>n;icm ks anfilrs .k la k<;e orii’Auk ü^sautittr- f-"’ «i.'. *■ H:ti . % iw- p.-r-
ftotttî» pr.. >:- 'iiptrrK'k pki'»' -rc btu de ^.arjic^urtj. îl < '] Sitn vrjjfcf ‘’ljdi- r .j. . r apar^d
biu luMk:m.t:r J‘î n lumr ;■ ; '.*• . Mt: •. . •*' ' v* .. k» ■ '‘Mit
ce beau tno'ntincni ; en y u .r ,<^t. r*,- *. • • '• > Ck’f f>itixco
ci: d#é uni » en n uuroîc sûr-;c(W't‘f ,; i
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Plan du plus grand des Templu de Sélintinu , avec les détails dt cet 'édifice. .
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DE S)cae, DE MALTE, ET DE LIPAP.I. a.
On vns ^!am<w iniijicur H ixintii colonnade Ken c»iaafclû'c)’jr<)fecotomia CG quej’aivucj
, dan» CO Klki lonc toutes toaitai;' i pareille ififtnocc Et dans la munc dmîllou du toidi au nord.
EISeï OIH- (ICIW p«H du dianittre : cUes ioiit de pierre, Et toutes d’un feol morceau de trtire pieds fii (KUHM, !«» ,:oKifmt leurs chapiteaux, qui font exafteman du mêtne pioli! que ceux des grandes co- t •ty V de ic Temple.
hyades parties de la comiche do cette efpice de pcdtTtirpIt ou i'onsToit ])tscé de gmifes dentl- culesaulicu de modülotB. J’ai mis ces colonnes au plan danrl'uxjrc que fcau fimaiion m’a peimis de juger qu’elles aroient eu pour former le fàuâuanrc f'Cît.t J’obfcniai mm fmgulariié Ken étrange daiRÙ ùmutefe dont et T. uiiic a été d'miit. Les colonnet de trois des 6uxs do c*t édifice font u môets en dedans , êi •. ne J ■. t eiitic de la face du midi font w.-nbées on deKws. '
Dnns les on»itt»s de tes Tcnjples il ne refte imo qui porte le caraftire d’un édifice antique: -tout cil détruit Et culcvu jufiju aus débris. Si Ion avott eu occafioit de bâtir d.ms ce Heu ou daus fou roi* fiuage,ces beaux relies d’édifices quenous adiiuionsn’cadlieroicnt plus;onen auToifcoitrauitdesniaifoDS ou des remparts.
FnaUemnt qu’il ne rello en cet endroit d’jutrcs .- ti- . « qiie t.:''e> d . , ■ " : - ;de^ , ia rt iis mr , *«-i« de t ■■HTc que Sébnmite u's èjm .is »:i • ■•■U.:- . -i uitovt (
,o,.,n». paidt q.i'jicwco K-s :t-»sw -'i. :: * , |i i,.- . - . rtnim.h-t, ici
t: --ri Irtwu'. ! f'CiicïuuM i Ec Poil ll'cu imuve pst tes .e.uiidfsa leS'g.x.
Lnie-iuBliiaiK '.is'e tout autour tc'cB une btlie pi iKcd'tvii l’.tr! cW,-. .. i.rs éo.jidr.: ,(c ,4ns ■ le vingt railles II n'y a pri, de ces Temples qu’un feul enclos de murs, & les graugei d’une im.t,rà;cÛ ,f ai tracé , meme Planche , Hg. a , les p . spsraons géoinétrales de l’archiicfluio de ce Temple , pour isirc connoîiTC fon caraSère & le rapport qu'.l v a du petit ordre du fanfluatrs k Pordr : du coeps do l’édifice. On voit ce petit ordre entra deux color-,-. s ,fig. Je fuppot: que c'cil -i! perçoit de;; de vue. Afin queu Icsuioiili le pwifii des eUfsteanx eu. i-s C. ;._r.,,,;r ; ,. d...râK "n jianj.i,,. t. ti: clupn.ïux ont iltmrapieAcL fcc,.; ils font fidts d’une feule pu m.J’ O ;«■■! fet).,.
i. * :< -,e J do ta toc» dci Pulbci . il eft uiï des plus beaux que j':-io i-tH en ce genr- , (îg. 5. '
-Je qtmtai avec regret les ruines de cette ville (1 célébra. Elle a été piife v.-aifomblahlcnicnt plufo,.-. fois. Et faceagée par diiîétens peuple!. On peut dite qu’aujourdTiui Cctés, ra,sii.u>o fii- ioi.. dt laSi- csfc . Ttsinsv d*mv test* lé» d-oits, en rcrrai’snr le fd ,p«- .rmtba.vus .aov Ki; avoiti r e.-iltîté p.!«,r bi'.ll- CS«C «il.; futpClK', CCOf vüfc qC'i t mléau . CH t'.-.i»:i..dï,n,' ■ i pu .«.r, fouî.T C-. pieu les baitu -jntSCVUcS COUtâclIKa cr.a. î>r,[- X-'t. * ! l, ,, ., . SKl-d'Imi tir
fcroqp^i cii. . '. -v. st 'a*e .luuiit dis tcr«»-'J.,i ,t 'ts . ;i, . - i-, . .r.,;- é ,Buiîés rf*
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fe», ertto tus» n tc.,.,g^ü.oo) (Waiu u,ai !« murbre dc« te.npici St l.n ;».li
Frappa. :ii- 0.0! di, ic lïitsdcs , Et a: .sJiieoi fu' La ,1; 'iru.jlt,:. Ov tant Je giundrurs . fi.? la p-erte de tant de génum-sus & do .■».• ;h- trivriix, ic rac rendis à iratto célîdjre carrière d’oïl ertie vdlctllfuni.-. Si • qu on appoâo Kmi £ m/a. Je nig.nteis ce qu’on m’ai dijuir coinine une fcble , je vis qu’on ne m’a- t,It pas trompé.
PLANCHE VIN CT-DEyXIEMÈ.
Carriire de Sélinunze.
Cette Carriirt: cê (!->■ , mSo) d’in.; rithe carujagie , que fc btiuté i fc fé. mdiré -int t.■il nommer Cmupo Hetfc- KH; cfi é liipi laois» .fc Sélh unte , au milii-u .d’une plamo laboprée .- ccd .m.
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI,
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On voit dans cet intérieur F une petite colonnade bien caraftcrifée par dix colonnes GG que j’ai vues dans ces débris. Elles font toutes tombées à pareille dillance & dans la même direélion du midi au nord. Elles ont trois pieds de diamètre : elles font de piene , & toutes d’un feul morceau de treize pieds ftx pouces , fans compter leurs chapiteaux, qui font exaftement du même profil que ceux des grandes co- ïonnes de ce Temple.
Il y a des parties de la corniche de cette efpèce de petit Temple ou l’on avoit placé de groffes denti- cules au lieu de modillons. J ai mis ces colonnes au plan dans l’ordre que leur fituation m’a permis de juger qu’elles avoient eu pour former le fanftuaire FGG.
J ohfervai une fingulariié bien étrange dans la manière dont ce Temple a été détruit. Les colonnes de trois des faces de cet édifice font tombées en dedans , Si. celles d’une partie de la face du midi font tombées en dehors.
Dans les environs de ces Temples il ne refte rien qui porte îe caraftère d’un édifice antique : tout efl: détruit St enleve jufqu aux débris. Si I on avoit eu occalion de bâtir dans ce lieu ou dans fon voi- finage , ces beaux relies d édifices que nous admirons n’exifteroient plus; on en auroitconllruitdesmaifons ou des remparts.
En obfervant qu’il ne refte en cet endroit d’autres mines que celles de ces Temples , je ne puis me dé- fendre de croire que Selinunte n a jamais eu de cirques , de rhéâtres ni d’amphithéâtres. Certaine- ment, quels qu’aient été les ravages du temps & de la guene , fi ces édifices euffent été conllruits , on en verroit au moins les fondemens ; & I on n en trouve pas les moindres vclliges.
La terre eft labourée tout autour : c’eft une belle plaine d’où l’œil découvre une étendue de plus de vingt iniHes. Il n’y a près de ces Temples qu’un feul enclos de murs , & les granges d’une métairie.
J’ai tracé , même Planche , fig. 2 , les proportions géométrales de l’architeflutc de ce Temple , pour faire connoître fon caraflère & le rapport qu’il y a du petit ordre du fanfluaire à l’ordre du corps de l’édifice. On voit ce petit ordre entre deux colonnes , fig. 3 . Je fuppofe que c’efi ce fanfluaire qu’on ap- perçoit de ce point de vue. Afin qu’on connoiffe le profil des chapiteaux de ce Temple , je l’al deffiné en grand , fig. 4. Ces chapiteaux ont douze pieds de face ; ils font faits d’une feule pierre. J’ai trace le cha- piteau du Temple I près de la tour dei Puffici : il eft un des plus beaux que j’aie vus en ce genre , fig. 5 .
Je quiuai a^c regret les ruines de cette ville fi célèbre. Elle a été prife vraifcmhlablement plufieurs fois , & faccagée par différens peuples. On peut dire qu’aujourd’hui Cérès , l’antiaue de la Si-
cile , eft rentrée dans mus fes droits, en reprenant le fol que d’qmhûleux citoyens lui avoient enlevé pour bâtit cette ville furperbe, cette ville qui fembloit, en s’agrandiffant chaque jour , fouler au pied les belles campagnes confacrées à cette Déefte. Mais cette Divinité triomphe aujourd’hui de fon orgueil ; elle étend avec fafte autour des miférahles refies de cette cité, fes voiles d’or émaillés de fleurs de pourpre & d’azur ; la chanie revient ouvrir de nouveaux filions , & riAdre féconde une fécondé fois cette terre fi long-temps ftérile fous le marbre des temples & des palais.
Frappé de tant de viciffitudes , & méditant fur la deftruaion de tant de grandeurs , fur la perte de mnt de générations &. de tant de travaux , je me rendis à cette célèbre canière d’où cette ville eft fortie , & qu’on appelle Jiocca il eufa. Je regardois ce qu’on m’en difoit comme une fable, je vis qu’on ne m’avoit pas trompé.
PLANCHE VINGT-DEUXIEME.
Canière de Sélinunu.
Cette carrière eft fituée au milieu d’une riche campagne , que fa beauté & fa fécondité ont fait nommer Campo bello. Elle eft à fept milles de Sélinunte , au milieu d’une plaine labourée ; c’ell une
go VOYAGE PITTORESQUE
petite colline , ou plutôt un banc de pierre d’environ trois cens toifes de long : H ne s eleve pas à plus de cinquante pieds au deffus du niveau de la plaine. Cette rocbe, delà meilleure qualité, eft blanche, fine, compare , fans défaut. Les pierres qu'on en tire fonnent comme du métal : nous prenions plalfir a frapper fur les chapiteaux : les fons qu’ils rendoient étoient très-agréables & fe proîongeoient long-temps.
Cette roche eft entamée prefque dans toute fa longueur du levant au couchant. On a commencé a prendre de la pierre au niveau de la plaine. Cette roche eft devenue feinblable a un mur dans bien des endroits. Sa qualité eft égale par-tout. Les Architeftes de Sélinunte imaginèrent fagement de faire ébau- cher, dans la carrière même, les pierres dont ils avoient befoin pour conftruire ces grands édifices. Ils taillèrent dans la roche les tambours dont ils devoient faire les colonnes AA , fig. i & fig. 2 ; fans doute ils vouloient avoir moins de matière à tranfporcer. Les places circulaires BB font les endroits de la roche dont on a tiré des tambours. Voyez fig. 2.
Lorfqu’ils avoient déterminé la groffeur de la colonne , ils faifoient cerner en rond dans la roche une mafte de tant de pieds de diamètre , félon la groffeur des colonnes. Voyez AA à la vue générale & au plan , fig. 2. On pratiquoit en cernant cette maffe une petite rue B , dont la largeur fuffifoit a peine pour qu’un homme armé d’un outil y pût paffer. Deux hommes travaillant ainfi chacun^ de leur côte, pouvoient fe rejoindre après avoir creufé chacun leur demi-cercle.
II paroîc que quand cette, maffe émit cernée & formait un cylindre , on creufoit au pied un refend d’environ quatre pouces, afin de la détacher ; & qu’on enfonçoît tout autour dans ce creux, autant qu’on le pouvoit , des coins de bois très-fecs : ces coins de bois s’enfloient par l’humidité ; ils forçoient la pierre à fe caffer net ; & ainfi le cylindre qu’ils avoient foulevé fe trouvoit féparé de la roche. Alors on l’enlevoit de ce lieu : on en voit encore treize ou quatorze jetes ça & là hors de la camere , parmi d’autres morceaux de différentes grandeurs : il y a des chapiteaux , des architraves , des frifes , &c.
On voit, ainfi que le repréfente le tableau de cette carrière , lix endroits femblables fur la longueur de cette roche. Celui que j’ai repréfenté , fait voir fix colonnes dégagées de la roche , toutes prêtes à être enlevées de la carrière. Quatre ont plus de fept pieds de haut : les autres ont ete caffees par le temps. 11 y en a de trente-un à trente-deux pieds de tour , mefurees à la moitié de leur hauteur.
Après avoir bien examiné la conformité des proportions de ces colonnes ebauchees avec celles des Temples , & avoir comparé en naturalifte le grain de ces pierres & la manière dont le temps agit fur les unes & fur Ip.«i mitres, il ne refte plus de doute que ce ne foit la meme pierre ; & sil enreftoit encore, ils feroient détruits en voyant Aa à fppt rîp ppc mmhnitrc de colonnes qui font reftec dansla rmire a moine chemin de cette carrière à Sélinunte.
Mais de quelles machines s’eft-on fervi pour tranfporter des chapiteaux de douze pieds fix pouces en quarré fur quatre pieds cinq pouces d’épaiffeur ? Des architraves de vingt pieds de long fur fept & cinq de groffeur? Ces pierres énormes apportées de deux lieues un quart au travers d’un terrain très-inégal , ne font pas ce qu’il y a de plus merveilleux : ce font trois colonnes entières , chacune formée d’une feule pierre de quarante-cinq pieds fix pouces de hauteur & de dix pieds de diamètre ; elles ont été apportées de la même diftance à Sélinunte.
Qu’on ne me demande pas par quel moyen , il eft impoffible de I imaginer ; cependant ce tranfport a été fait ; c’eft une des merveilles de l’art mécanique. J’ai mis pour animer ce tableau , des figures qui repréfentent des hommes occupés à tranfporter quelques-uns de ces énormes tambours de colonnes félon la manière ingénieufe que Vitruve nous a tranfmife. On adaptoit aux deux extrémités de ces tam- bours une charpente qui formoit deux efpèces de roues ; on paffoit enfuite un cable autour de ce tam- bour , de manière qu’il formoit plufieurs cercles : des animaux attachés à l’extrémité de ce cable , en le dévidant , forçoient cette maffe à s’avancer. Voyez fig. i .
Malgré ce moyen , leur pefanteur devoir les empêcher de monter les collines. Ce mécanifme pourroit être employé pour tranfporter des maffes énormes , de quelques formes qu’elles fuffent
Étonné
DE SICILE, DE MALTE, ET DE LIPARI. 31
Étonné «Je tant de prodiges, je defiinai le plan de cette carrière tel qu’il eft, fig. 2. Enfuite je revins à Caftelvetrano. Je fus vifité par la moitié de la ville. Sur le Bruit de mon voyage , & des foins que je m’étois donnés pour peindre ces ruines , on arrivoit en foule pour voir mes tableaux. Le Sénat lui-même m’Bonora d’une vifite : il demanda que je lui fiife un tableau des antiquités de ce pays ; mais comme les matériaux me manquoient , je ne pus me rendre à fes defirs.
Avant de partir , je fis une dernière tournée dans la ville : je remarquai dans la Cathédrale la ftatue de S. Jean , par Leguagini , figure en marbre grande comme nature , où fauteur , en homme fans génie , a imité le premier homme qui s’eft préfenté à lui ; il a fait une figure vraie, mais ignoble & maigre telle peut être , qu’a été S. Jean dans le defert , mais c’eft un mauvais choix. Je quittai leur ville bien fatisfait de tout ce que j’avois vu , 8t de l’accueil des perfonnes à qui j’avois eu affaire